L'ambulance 112 de Libramont, mise à l'arrêt par manque de moyens budgétaires. La Croix-Rouge a annoncé qu’elle met un terme à sa convention : à partir du 1er janvier, elle fermera son service d’ambulances de Libramont.  

Déception, tristesse, colère et inquiétude. Les visages sont fermés ce matin au sein du service ambulance de Libramont. La fermeture annoncée ce lundi soir, qui se concrétisera le 31 décembre prochain, représente un véritable coup de massue pour l'équipe. "C'est vraiment un choc parce qu'il n'y avait aucun signal d'alarme disant que le poste allait fermer", explique le responsable du centre. 

"On a investi ici il y a un an dans un bâtiment totalement rénové. Vous avez derrière moi une ambulance tout à fait neuve, qui répond aux dernières normes de l'aide médicale urgente. On était à mille lieues de croire que le poste allait fermer avec de tels investissements".

Pour la Croix-Rouge de Belgique, la raison de cette fermeture est liée au sous-financement de l'aide médicale urgente par la santé publique. En plus de Libramont, la fermeture du service d'Amay en région liégeoise est aussi planifiée pour la même date.

Alors pourquoi ces deux services là en particulier? "Il faut savoir que Libramont est un poste de départ 112 qui dénombre peu de courses. Certes, c'est une mission essentielle les secours urgents, mais elle ne peut pas se faire à n'importe quel prix" explique Nancy Ferroni, la porte-parole de la Croix-Rouge de Belgique.
"Ce sous-financement de la santé publique est dénoncé par la Croix-Rouge, mais aussi par d'autres opérateurs de l'urgence depuis 2019. Cette enveloppe, non indexée depuis trois ans, ne couvre même pas les coûts directs."

On ne peut pas dire à nos donateurs :
"votre argent va servir à financer et à combler les trous de l'action publique".

Cette question de rentabilité choque les ambulanciers

Cette fermeture à Libramont représente huit salariés mis au chômage dans trois mois et une vingtaine de volontaires sans mission.
Roland est volontaire à la Croix-Rouge depuis plus de 20 ans. "Rentable, ça veut dire qu'on devrait demander à la population d'être plus malade, d'avoir plus d'accidents de façon à nous faire rouler ? Je ne crois pas."

"On doit être disponible pour la population, quel que soit le service,
et ne pas parler de rentabilité."

Les ambulances de la Zone de Secours également sous-financées

Historiquement, le service ambulance de Libramont est le seul de la province géré par la Croix-Rouge. Les autres le sont par la zone de secours. De là à imaginer que la zone reprenne le service d'ambulances de Libramont, ce n'est pas si simple, car la zone de secours vit évidemment le même sous-financement.

"L'aide médicale urgente est sous financée, c'est une réalité", concède le commandant Stéphane Thiry. "Cela équivaut à plusieurs millions d'euros chaque année que la zone doit injecter pour faire fonctionner les ambulances. À chacun son rôle. Et sans argent, pas de vecteur AMU, pas de personnel.

Qui demain devra reprendre ce vecteur ? Ce sera à la Commission provinciale d'aide médicale urgente  de rendre un avis.
Jusqu'à la fin décembre, l'équipe de la Croix-Rouge de Libramont reste à disposition de la population. Après, ce sera à la Santé publique à prendre ses responsabilités.

Mélanie Scheuren