La problématique est bien connue : les régions rurales souffrent d’un manque de médecins généralistes.  À Libin, la maison médicale compte aujourd’hui 9 médecins, dont 2 assistants.  Mais à partir de début 2024, ils ne seront plus que 4 médecins. Ces départs mettent la structure en difficulté.  Il va donc falloir se réorganiser.

Créée en 2012, la Maison médicale est aujourd'hui à un tournant de son histoire.  En effet, elle se prépare au départ de 4 médecins, soit la moitié de ses effectifs, d'ici début 2024.  "Un de nos médecins part en retraite, un autre s'installe solo dans la commune et les 2 autres s'en vont pour s'investir dans un autre projet", explique Barbara Maes, la présidente du Conseil d'administration de la Maison Médicale de Libin.  "Cela va impliquer une réorganisation dans la prise en charge des patients. Jusqu'à présent, on traitait les urgences, il faudra certainement les renvoyer vers l'hôpital.  Et nous ne pourrons peut-être plus accueillir des patients d'autres communes, comme précédemment", regrette la responsable.  "Pour le moment, nous pouvons recevoir les patients dans la journée.  Après le départ de nos confrères, les délais risquent de s'allonger", regrette le Dr Anaëlle Javay, médecin généraliste à la maison médicale et vice-présidente du CA.  "Je tiens à garder des soins de qualité pour mes patients, à continuer de prendre le temps avec eux, mais je ressens forcément de l'appréhension par rapport à la charge de travail à  venir."

Plusieurs démarches ont été faites pour compléter l'équipe, mais ces recrutements sont laborieux et la pénuries s'étend également aux assistants, en raison de la limitation de l'accès aux études de médecine.  En effet, si la maison médicale a toujours pu compter sur l'aide de 1 à 3 assistants par an, aucune candidature n'a été reçue pour l'année à venir, nous expliquent les responsables.

Le temps de traverser la tempête, le CA de la maison médicale a sollicité l'aide de la commune de Libin, qui est propriétaire d'une partie du bâtiment.  "Chaque médecin reverse un pourcentage de ses revenus à l'ASBL de la maison médicale pour son fonctionnement.  Moins de médecins = moins de revenus", explique Barbara Maes.  "Le collège de Libin a accepté de geler le loyer pendant 2 ans, pour permettre à la maison médicale de se maintenir à flot, confirme Anne Laffut, la bourgmestre.  Cette décision sera soumise à l'approbation du conseil communal en séance du 31 août prochain.  Nous étudions également la possibilité de mettre un logement à disposition pour un jeune médecin, un assistant ou un stagiaire."

En attendant de recruter de nouveaux prestataires, l’équipe de la maison médicale appelle à l’indulgence et à la compréhension des patients pour traverser cette période difficile.

Julie Fohal