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Manque de prof : un enseignant retraité reprend du service

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 Publié le jeudi 17 fevrier 2022 à 10:38 - Mis à jour le jeudi 17 fevrier 2022 à 11:52    La Roche-en-Ardenne

Pensionné de l’enseignement, Jacques Delcourt a repris du service pour quelques heures de remplacement à La Roche. S'il admet ne pas vouloir recommencer sa carrière dans les conditions actuelles, d'autres, comme Catherine Lamot, ont été attirés par la profession et ont fait le choix de la reconversion.


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Fin de semaine dernière, quelque 10.000 enseignants ont réclamé dans les rues de Bruxelles une meilleure prise en compte de leur profession. La pression sur le métier s’est accentuée avec la crise Covid, et le remplacement de professeurs absents s’avère souvent compliqué. Au point que certains retraités reprennent du service. Exemple à l’institut Saint-Joseph Sacré-Coeur à La Roche-en-Ardenne, où on a fait appel à Jacques Delcourt, pensionné depuis six ans. "Je n'ai jamais coupé le lien avec l'enseignement. Et bien que pensionné, je continue à être attentif à son évolution. Je fais aussi partie des formateurs de futurs professeurs."

Passionné par son métier, Jacques Delcourt ne le cache pas : il ne voudrait recommencer dans les conditions actuelles : des débuts de carrières rythmés par les intérim avant d’espérer construire quelque chose avec sa propre classe ; des classes de plus en plus nombreuses ; une évolution des comportements… des élèves, des parents; et l’absence de suivi des jeunes professeurs.  "Si on prend l'exemple des conseillers pédagogiques (les "inspecteurs", ndlr), ils ne se rendent plus en classe. Avant, en classe, ils pouvaient aider les professeurs, les conseiller, les soutenir. Maintenant plus. Ils se voient en dehors. Impossible donc pour le conseiller de savoir comment ça se passe avec les élèves."

La profession attire toujours

Dans la classe d’à côté, des élèves de cinquième suivent le cours de géographie, avec Catherine Lamot, 35 ans, mais enseignante depuis deux ans seulement ; une envie de reconversion professionnelle. "J'ai commencé ma carrière dans une fonction administrative dans un établissement scolaire. Et en 2018, lors d'un voyage scolaire, j'ai eu l'occasion d'échanger longuement avec les élèves et leurs professeurs. Je me suis dit alors qu'il était temps de sauter le pas." Catherine Lamot a aussitôt repris les cours en vue d'obtenir l'agrégation et a commencé à enseigner la géo en 2020.

Malgré le manque de prof dans ses propres matières, la jeune professeure n’a pas encore d’horaire complet et partage son temps entre Marche et La Roche. Difficile de faire plus… "Quand on tient compte de la durée et du coût des déplacements, on réfléchit à deux fois avant d'accepter un remplacement de deux-trois heures, durant trois ou quatre semaines. Et si l'on veut prendre les transports en commun, pour se rendre en journée d'une école à l'autre, c'est peine perdue..."

Comme ses collègues de La Roche-à-Ardenne, Catherine Lamot n’a pas pris part à la dernière manifestation, bien qu’elle en comprenne les motivations.
Jacques Delcourt, lui, se dit prêt à assurer de nouveaux intérims, au chevet d’une fédération, malade de son enseignement.


Christophe Thiry