C'est un cauchemar pour les apiculteurs: le frelon asiatique est désormais bien implanté en Wallonie. Et pour tenter de limiter son invasion, le CRA-W mène en ce moment une campagne de piégeage. Celle-ci repose sur un piège élaboré et testé sur le terrain l'année dernière. Exemple chez un apiculteur de Paliseul.

Le dispositif est assez simple: une éponge dans un bocal, muni d'un couvercle sélectif, troué au millimètre près. Il doit permettre de capturer les reines fondatrices des nids de frelons asiatiques tout en permettant aux autres insectes de ressortir. Pour piéger l'indésirable : il suffit d’ajouter un appât au piège : moitié eau/moitié grenadine. 

Des pièges de ce type, les apiculteurs doivent en installer 25 à 40 dans un rayon d'un kilomètre autour de leur rucher. De quoi former un maillage. Ce sont les recommandations du CRA-W. Et la saison n'a pas été choisie par hasard... 

“Au printemps, dès que les températures remontent autour des 13-14 degrés, la reine fondatrice commence à faire son nid et a besoin de force. C’est un moment propice pour la piéger”, explique Etienne Istace, apiculteur. 

 L'enjeu pour Etienne et les autres apiculteurs est réel. Car le taux de mortalité des ruches ne cesse d'augmenter ces dernières années, en raison de l'invasion des frelons asiatiques. 

"Une reine fondatrice capturée, c'est presque un nid de moins"

Même en Belgique, où on est encore au début de l’invasion, il nous est déjà impossible d’éradiquer le frelon asiatique. Le but est donc de laisser sa population sous un seuil suffisamment bas. Il y a un réel enjeu pour les apiculteurs mais aussi pour la biodiversité puisque le frelon asiatique s'attaque aussi à d’autres insectes comme la guêpe ou le bourdon qui ont aussi le rôle de pollinisateurs. Une reine fondatrice capturée, c'est presque s’assurer un nid de moins”, détaille Florian Bastin, attaché scientifique au centre de recherche agronomiques de Gembloux.

En province de Luxembourg un peu plus de 1000 pièges ont été installés pour constituer pas de moins de 27 maillages. Les apiculteurs doivent désormais effectuer des relevés hebdomadaires. Données qu'il faudra croiser dès l'été avec des observations dans les ruchers. Pour permettre d'évaluer si ce piégeage sélectif a permis de diminuer les attaques de frelons asiatiques sur les abeilles.

Pauline Martial