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Assises : un viager comme celui de Jeanne Calment ?

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 Publié le lundi 21 juin 2021 à 18:48 - Mis à jour le lundi 21 juin 2021 à 22:00    Arlon - Province - Virton


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Première journée d'audiences devant les Assises du Luxembourg. Après la lecture de l'acte d'accusation par l'avocat général, Marianne Lejeune, le président, Philippe Gorlé a procédé à l'audition de l'accusé, Eric Flammang. En poussant parfois celui-ci dans ses retranchements pour tenter d'amener un peu de lumière dans les zones d'ombre du dossier ou pointer des contradictions. D'une enfance difficile, il semble qu'Eric Flammang garde une certaine difficulté à accepter la confrontation.

C'est comme locataire que le jeune Eric Flammang fait connaissance de Raymond Lochet et de son épouse. Ceux-ci deviendront vite une famille de substitution avec qui l'accusé gardera un contact régulier. En 2007, à la mort de son épouse, Raymond Lochet vend sa propriété de Chenois en viager à Eric Flammang. Il l'aide même à payer les frais de notaire par un prêt sans intérêts. En contrepartie, Eric Flammang va s'occuper de l'entretien du bien. Mais les relations vont se distendre. Eric Flammang y voit l'influence d'une famille qu'il qualifie d'intéressée par l'héritage de la victime.

On a assisté ce lundi à la constitution de parties civiles, de cette famille, une mère et sa fille, qui se sont occupées de Raymond Lochet. Elles sont représentées par Me Lisiane Brackman.

La défense a dévoilé ce qui fondera sa thèse : l'homicide involontaire. Et le président a annoncé que la Cour se rendra sur les lieux du drame vendredi matin afin que les jurés puisssent se faire leur propre opinion sur les faits.

Dans l'après-midi, le juge d'instruction honoraire, Jacques Langlois, est venu présenter ses devoirs d'enquêtes en compagnie des policiers et enquêteurs qui y ont participé.

Plusieurs enregistrements de vidéo-surveillance d'un café saint-mardois ont été projettés. On y voit, au bar, Eric Flammang et Raymond Lochet. Il vont consommer chacun onze bières dans cet établissement. Si Eric Flammang semble toujours maître de ses actes, Raymond Lochet y apparaît comme ivre-mort : à trois reprises, il tombe de son tabouret. Il se rend au toilettes en titubant ; et seul le mur du fond lui permet de garder un semblant d'équilibre. A plusieurs reprises, Eric Flammang vient voir s'il a besoin d'aide et il lui donne la main pour retourner au comptoir, où la serveuse finira par refuser de les servir encore.

Un enregistrement audio d'un appel aux services d'urgences laisse entendre un autre Eric Flammang quelques dizaines de minutes après le drame. Sa voix est hébétée, il est comme absent. Cet appel a été donné à partir du téléphone d'un étudiant chez qui Eric Flammang a été chercher des secours mais son premier réflexe fut d'appeler son épouse. C'est l'étudiant, comprenant par la conversation qu'une personne est encore peut-être dans le véhicule, qui appelle les secours et qui passera le téléphone à l'accusé à la demande de l'opératrice.

Un autre enregistrement vidéo, pris depuis l'établissement situé au bout du lac de Rabais, montre que la voiture d'Eric Flammang, une Citroën Berlingo rouge, circule à vitesse réduite sur la route qui longe le lac, quitte la route, s'arrête, fait marche arrière, marque un nouveau temps d'arrêt puis roule vers la berge et s'enfonce dans l'eau, phares allumés. Des manoeuvres qu'Eric Flammang est incapable d'expliquer. "J'étais saoul" répétra-t-il à de nombreuses reprises.

Un viager au centre des débats

Le juge Langlois fera encore état d'un témoignage d'un ancien gendarme, comme Raymond Lochet, et à qui ce dernier avait proposé son bien en viager, avant Eric Flammang, mais sans succès. Lors d'une rencontre avec l'accusé, l'ex-gendarme l'aurait entendu comparer son viager à celui de Jeanne Calment. Pour rappel, cette française, morte à 122 ans, avait vendu sa maison en viager à son notaire mais celui-ci l'a précédée dans la tombe sans jamais avoir pu jouir du bien...

Il ressort de l'enquête qu'Eric Flammang se sentait doublé par l'autre famille qui s'est rapprochée de Raymond Lochet. S'il ne payait plus les traites du viager, il lui en coûtait de devoir payer 7,000 euros supplémentaires pour la rupture de contrat. Or l'audience du tribunal pour cette affaire était prévu le 28 février 2017, soit le lendemain des faits.

David Pierson