Ce mardi matin à Habay-la-Neuve, de longues poutres en bois ont été minutieusement déposées sur l'ancien de pont de pierre qui enjambe la Rulles dans le parc du Châtelet. Fermé pendant trois ans pour raisons de sécurité, cet accès vers le tour du lac, la forêt, et le pont d’Oye sera rouvert le 28 septembre, jour de fête du Parc Naturel. 

Voilà trois ans que les promeneurs et randonneurs attendent ça à Habay-la-Neuve. Trois ans que le pont du Châtelet est fermé pour raisons de sécurité.Mais quand on voit l'ampleur et la profondeur de l’affaissement, on comprend mieux  les raisons qui ont poussé les autorités communales à interdire l’accès à ce pont de promenade, pourtant point de départ de nombreuses balades en forêt. 

"Au début, il ne s'agissait que d'un petit trou de 50cm par 50cm. La commune y a coulé du béton. Mais l'effritement s'est accentué par en-dessous. Aujourd'hui on a un trou de 14m par 3,50m ! Bien plus grave que ce qui avait été imaginé au départ", explique Ahmed Berthomé, échevin de l'environnement à Habay. 

Bien que fragilisé par le temps, la pression et la force du courant, le pont du châtelet approche tout de même les 150 ans d’existence. 

Jadis en bois, il permettait aux habitants de Habay-la-Neuve et aux scieries locales de traverser la Rulles et de s’approvisionner, au plus proche, dans la forêt. Fin 19e, perdant de son intérêt public, il a été vendu au propriétaire des lieux. 

"Comme la commune avait créé les deux autres ponts un peu plus larges, devant les actuels terrains de tennis, ce pont-ci est devenu secondaire. La commune a pu le vendre au baron de Bonhome. Et lui, a fait construire un pont en pierre, et a aménagé tous les abords, les murs de soutien en amont de sa scierie. On est en 1888, la date est inscrite sur une des pierres du pont. Et dans les années 1974-1976, le bourgmestre Benoît Halbardier a proposé au sénateur Adam de racheter l'ensemble et le pont et le remettre dans le domaine public", détaille Alain Thomas, historien local, co-auteur de la revue Haba din l'Tin, dont le prochain numéro, en décembre, sera consacré à l'histoire du Châtelet. 

Il aura donc fallu aux Habaysiens  attendre trois longues années et cette nouvelle législature pour voir  le dossier enfin relancé.La première étape, la plus impressionnante a été franchie ce mardi matin, avec la mise en place des premiers éléments du nouveau pont provisoire, à installer par-dessus l’édifice existant. Un travail d’art et de précision. 

"Ça se joue à deux millimètres près. Plus on est précis avec les éléments qui doivent accueillir ces poutres, plus l'installation sera facile", glisse double-mètre en main, le patron d'Artbois Patrick Vanhorenbeeck.

Ces fameuses poutres, les voici :  20m de long, en lamellé collé, 2,4  tonnes chacune. Uniquement en bois local. Et en moins d’une demi-heure, la structure a trouvé sa place. La suite du chantier, plancher et abords, sera confiée aux ouvriers communaux. L'ouverture est fixée au dimanche 28 septembre, journée de la Bénédiction de la forêt et du Parc Naturel Haute-Sûre Forêt d'Anlier. 

L’ancien pont de pierre quant à lui va faire l’objet d’une étude de stabilité, mené par la Province, en vue d’être réparé, à l’identique…

"On va le consolider par un système de gunitage. C'est un procédé qui consiste à placer un ferraillage sur les voutes et à projeter du béton presque sec. Sur le dessus, les murs en pierres sèches seront remontés comme à l'époque", assure Philippe Jeanty échevin des travaux à Habay. 

Une fois le pont de pierre reconsolidé, la structure en bois, elle, sera démontée et réutilisée ailleurs. Mais ça, c’est dans trois ans. Et dans trois ans, beaucoup d’eau aura encore coulé…