Athlétisme

Rencontre longue distance avec Juliette Thomas, qui rêve désormais du marathon des JO Paris

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Jolien De Bock
 Publié le mardi 19 mars 2024 à 12:06 - Mis à jour le mardi 19 mars 2024 à 14:27    Virton

Au lendemain de son titre championne de Belgique de semi-marathon, nous avons rencontré Juliette Thomas. L'athlète de Dampicourt, également institutrice, et a pris goût à la distance, et nourrit désormais un objectif olympique : se qualifier pour les JO de Paris ! 


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« J'essaie de me remettre petit à petit de mes émotions... », nous explique Juliette Thomas, que nous rencontrons au lendemain de sa victoire au championnat de Belgique de semi-marathon. « Il y a d'abord ce titre, mais surtout la barrière d'une heure dix qui a été franchie. Donc je pense que c'est un cap et je ne réalise pas vraiment. »

Juliette Thomas savoure le moment. En bouclant son semi-marathon à Gand en 01:09:47, l'athlète de l'AC Dampicourt a signé un nouveau record personnel et n'est plus qu'à 51 secondes du record de Belgique. Un chrono révélateur de son état de forme. « Je savais que la forme était là. À Séville j'avais déjà couru assez vite, en 01:10:16. Après la course, je m'étais dit que le 01:10:00 était envisageable. De là aller chercher douze secondes en moins... je n'espérais pas autant ! Je suis passée au vingtième kilomètre, et je me suis dit « Allez, on accélère, on essaye de faire tout ce qu'on peut ». Après, au niveau musculaire, c'était vraiment compliqué. J'ai encore mal aux jambes, mais quand on passe une ligne d'arrivée et qu'on a encore la bannière devant soi, qu'on lève les bras, et cetera, c'est toujours une émotion exceptionnelle. »

Du 1500m au semi-marathon

A 23 ans, Juliette connaît une progression fulgurante. La jeune fille taillée pour le 1500 mètres que l'on suivait chez les scolaires s'est découvert des talents de course sur route durant le Covid. Boostée par sa qualification aux championnats d'Europe espoirs sur dix kilomètres en 2021, elle allonge très vite la distance pour se frotter aux semi-marathons.

« J'avais commencé en 2022 à Remich, en sortie longue. J'ai pris goût à la distance et c'est vraiment une distance que j'apprécie parce qu'on peut prendre le temps de gérer son allure, son effort, et de voir les kilomètres défiler. Et je pense que plus la distance sera longue, plus ça me conviendra. »

Son entraîneur et compagnon, Justin Mahieu, nous explique que « pour le semi, il faut quand même avoir un peu d'expérience avec un haut volume d'entraînement. Il faut que le corps s'adapte. On s'est un peu trompé au début, on a trop chargé. Puis, au fil des mois, au fil des années, elle a su répondre et encaisser les kilomètres. Puis il y a une expérience de course aussi parce qu'il faut gérer les allures. (...) Au fil du temps, c'est devenu une athlète compétente sur cette distance qui est un peu particulière puisque ça allie un peu la vitesse du 10 kilomètre et puis vraiment les capacités aérobie, et elle est faite pour ça. »

Pas de contrat

En dépit de ses performances sur semi, mais aussi aux championnats d'Europe de cross avec l'équipe belge, Juliette Thomas ne dispose toujours d'aucun contrat professionnel. Elle partage son temps entre l'athlétisme et son métier d'institutrice. Ses élèves ne manquent d'ailleurs aucun de ses résultats. « Il y a beaucoup de parents qui me suivent sur les réseaux sociaux et qui transmettent les messages aux enfants. Quand je reviens à l'école la semaine, j'ai des réactions des enfants, donc c'est chouette et c'est motivant », se confie Juliette.

L'athlète donne cours le mardi, mercredi et jeudi. « Quand je travaille, j'essaie de faire un footing avant d'aller à l'école, soit le mardi, soit le jeudi, plus une séance d'office le soir et le mercredi. Je m'arrange souvent pour aller courir à 12 h ou à 16 h, Ce n'est pas toujours facile. C'est pour ça que depuis octobre, je suis passée à mi-temps et donc ça me permet aussi d'avoir un bon équilibre entre les entraînements, le travail. »

L'un des objectifs de Juliette est de réaliser un top 12 aux prochains championnats d'Europe à Rome. Elle pourrait peut-être ainsi bénéficier d'un statut de haut niveau. « Si je décroche ce statut, il y a peut-être moyen de devenir pro. Et j'espère en arriver. Parce que quand je vois tous les athlètes qui ont mon niveau actuellement dans les autres pays, elles le sont. Donc pourquoi pas moi ? »

Objectif Paris 2024 !

Avant les championnats d'Europe de Rome en juin sur semi, Juliette tentera de passer un nouveau cap en s'alignant pour la première fois sur la distance mythique du marathon. Ce sera Hanovre, en Allemagne, le 14 avril prochain, où elle tentera de réaliser les minima pour les Jeux de Paris.

« À la base, je pensais plutôt courir pour essayer de me qualifier pour Los Angeles dans plusieurs années » , explique Juliette. « Et là, au vu de mes résultats sur semi-marathon, on s'est dit qu'il fallait tenter et voir ce que ça allait donner. Parce que mathématiquement, c'est possible. Après, ça reste un marathon. On ne sait pas comment ça peut se passer. Il faut voir les circonstances de course, etc. »

« Les minima actuels, c'est 02:26:50 », explique Justin Mahieu. « Sa forme est là, donc en un mois, elle ne va pas la perdre. Ce qu'il faut, c'est travailler les allures spécifiques. Un marathon c'est du 00:03:28 au kilomètre, donc c'est quelque chose de rapide, mais qu'elle a déjà commencé à faire à l'entraînement. Donc il faut simplement allonger les portions d'entraînement et de kilométrage à cette allure-là, gérer tout ce qui est nutrition, alimentation durant la course, et prier pour que la météo soit bonne ce mois-ci, pour s'entraîner dans des conditions plus ou moins optimales. »

Juliette, très motivée à l'idée d'accompagner Chloé Herbiet à Paris conclut : « on a décidé de tenter le tout pour le tout, de voir ce que ça allait donner. Si ça passe, ça passe et si ça ne passe pas, ce n'est pas grave. Mais au moins, je n'aurai pas de regrets. »


Pauline Martial