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Wellin rejette la demande d'extension des Carrières du Fond des Vaulx

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 Publié le mercredi 15 novembre 2023 à 15:04 - Mis à jour le mercredi 15 novembre 2023 à 22:10    Wellin

Il ne reste plus qu'une dizaine d'années d'exploitation aux Carrières du Fond des Vaulx avant de mettre un terme à leur activité. Depuis 2019, l’entreprise d’extraction était en négociation avec la commune de Wellin pour étendre sa concession. C’est sans compter sur ce qui apparaît comme un revirement de dernière minute de la part de la majorité.


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Elle fait partie de l’histoire de Wellin depuis plus de 80 ans. Les Carrières du Fond des Vaulx espéraient pouvoir s’étendre et ainsi poursuivre l’exploitation pendant plus d’une trentaine d’années encore. Il n’en sera rien. "C'est définitif. Ça a été décidé lors du dernier conseil communal", note le bourgmestre Benoît Closson. Wellin ne vendra donc pas ses 24 ha de forêts communales et met un terme aux discussions avec la carrière.

Les négociations ont commencé en 2019 déjà. Depuis, la carrière locale avait réduit ses prétentions, de 47 à 35ha, augmenté sa mise financière, et proposé des compensations naturelles. Et rien ne laissait présager ce retrait de la commune. "Il y eu un avant et après, le jour de la visite du site avec la Commission ciotyenne communale d'aménagement du territoire (CCATM), en présence du DNF. Nous avons pris conscience de l'effet dévastateur du projet sur la biodiversité, sur la forêt, sur les écosystèmes", explique le bourgmestre.

Pour l’entreprise, l’arrêt des négociations apparaît aussi brutal que précipité. "C'est la surprise totale. Personne à la commune ne nous a informés de leur décision", regrette amèrement le directeur Laurent Grell. Une décision que les carriers comprennent d'autant moins qu'à leurs yeux les négociations n'étaient pas terminées. Pendant plusieurs mois, un groupe de travail avait aussi réuni commune, carrière, naturalistes de la Haute Lesse, de Natogora et direction du DNF.
Ensemble, ils ont évalué les conséquences de cette extension, en partie en Natura 2000, pointé les inquiétudes, les divergences, mais aussi suggéré les rapprochements possibles eu égard aux enjeux environnementaux et économiques. "On avait levé une série de problématiques, pour lesquelles il était prévu de mener des études plus poussées. La commune aurait au moins pu attendre ces résultats..."

La décision touche d’autant plus la Carrière qu’elle avait investi 12 millions d'euros en 2017 dans la rénovation de ses outils. Producteur de granulats calcaires, pour les cimenteries, les voiries, le chemin de fer, le monde agricole, les aménagements privés, le Fond des Vaulx sort 1.250.000 tonnes chaque année,  2.250 m3 par jour, extraits d’une vaine qui s’étend d’est en ouest. "Nous sommes obligés de suivre cette orientation. Le gisement est là. Impossible pour nous de creuser ailleurs, du nord au sud : ce sont des calchistes, impropres à l'exploitation".

Creuser plus profondément sur l'exploitation actuelle s’avère trop dangereux, au risque de subir une éboulement, question de physique. Sans extension, la carrière fermera dans dix ans, tout au plus. Trente emplois directs, nonante indirects, sont sur la sellette.

"Je comprends le désarroi du personnel.
Mais nous sommes face à des enjeux essentiels qui dépassent le simple intérêt des travailleurs.
C'est important pour eux, mais nous nous devons de veiller à l'intérêt général"
Benoit Closson, bourgmestre

A moins d’un an des élections, l'enjeu devient aussi politique. Un énième point de friction entre le collège et la minorité. "Ce que nous voulons, c'est recevoir toutes les informations, les rapports et outils pour nous aider à prendre une décision. Sans ça, il nous est impossible de nous prononcer en faveur ou non de la vente", insiste Bruno Meunier. Pourquoi alors s'être abstenu et ne pas avoir voté contre l'arrêt des négociations ? "Ça aurait été mal interprété. D'aucun se seraient empressés de dire "ils sont contre l'arrêt des négociations, donc ils sont pour la vente des terrains à la carrière. Ce n'est pas le cas, je le répète,  nous n'avons pas les moyens de décider."

Les négociations reprendront-elles un jour ? Après les élections ? Passeront-elles par une consultation ? Certains le pensent.
Et si demain, la carrière locale doit mettre un terme à ses activités, ce n'est pas sa voisine qui pourra assurer l'approvisionnement, assure le directeur du Fond des Vaulx "comme nous ils sont déjà à fond".
En ce cas, qui pourra répondre à cette autre question : quel sera l’impact environnemental, et budgétaire, de l'importation des granulats depuis l’Ecosse ou la Norvège ? 


Christophe Thiry