Santé

Réforme du 1733 : les postes médicaux de garde menacés

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 Publié le samedi 03 décembre 2022 à 18:16    Province

Le "1733" a dix ans. Lancé début 2012, le système de garde de médecine générale pour les week-ends et soirs de semaine a démontré toute son utilité. A fortiori en milieu rural où les généralistes sont moins nombreux. Il se voit aujourd'hui menacé par le projet de réforme de financement. Les généralistes appellent à l'aide.


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Début 2012, un nouveau numéro d'urgence a fait son apparition : le "1733". Derrière ces quatre chiffres se cachait un tout nouveau déploiement pour assurer les gardes de médecine générales en province de Luxembourg et sur les régions de Bièvre et Dinant. Depuis, chaque week-end et soir de semaines, les gardes sont assurées par les généralistes, à tour de rôle, au départ de sept cabinets fixes : Arlon, Bastogne, Tintigny, Libramont, Marche-en-Famenne, Bièvre et Dinant.

"C'était une fameuse avancée, se souvient Guy Delrée, vice-président des postes de garde médicale. A l'époque la province était divisée en une multitude de petites zones de garde, qui rendait la vie des médecins impossible par la récurrence des gardes et faisait fuir l'installation de nouveaux médecins". 

En fusionnant toutes ces petites zones en sept plus grandes, le "1733" a  réparti la charge de travail, lissé les inégalités d'une région à l'autre, et rentabilisé les périodes, tout en offrant un service à la patientèle globalement plus efficace. Autre point positif, la démarche pèse dans la balance, à côté de toutes les autres,  pour améliorer l'attractivité de nouveaux médecins en région rurale.

"Aujourd'hui, nous tournons avec 328 médecins.
En dix ans, nous avons pris en charge un demi million de patients".

Tout va bien donc ? Pas vraiment. Le "1733" est à la croisée des chemins et comme toujours en matière de soins de santé, l'enjeu est budgétaire.
Jusqu'ici le mode de financement entièrement assuré par l'INAMI était relativement acceptable, même s'il subsiste des points d'achoppement.

"Depuis 10 ans, on tient la tête hors de l'eau, même si de temps à autre, nous sont refusées certaines dépenses, pourtant obligatoires, comme des stérilisateurs ou des défibrillateurs".

Or donc, cet équilibre risque de s'effondrer par la mise en œuvre du projet de réforme de financement, davantage basé sur le nombre d'habitants. Et comme trop souvent, sans tenir compte de l'étendue du territoire.

"Pour 2024, l'INAMI et le ministre de la Santé veulent réduire de sept à trois le nombre de postes de garde. Lesquels supprimer ? Bastogne ? Tintigny ? Libramont ? Bièvre ?

Ils veulent aussi revoir de sept à cinq le nombre de médecins mobiles. Or nous avons besoin de nous déplacer chez les patients ou en maison de repos ! Ce projet, pour la province de Luxembourg-Bièvre-Dinant, c'est intenable", alerte le Dr Delrée.

Déjà éprouvés pendant les deux longues années de crise Covid, les généralistes de la province vivent mal le plan qu'on veut leur imposer. "Voici dix ans, on a dû se battre pour faire reconnaître le projet "1733". A l'époque, c'était une saine fatigue parce que motivée par un idéal. Aujourd'hui nous devons défendre un outil qui fonctionne bien, dont les patients ont besoin, face à une force disproportionnée qui dicte ses lois : l'INAMI. Et ça, ça nous pèse..." 

Ça pèse d'autant plus que les conséquences de la réforme reposeront sur les épaules des généralistes.  "En tant qu'administrateurs de l'asbl Poste médicaux de garde, les généralistes sont responsables de son fonctionnement et de ses finances. Tels qu'ils sont imaginés, les futurs postes de garde seront à coup sûr déficitaires", assure Guy Delrée.

"Comprenez qu'aucun des mes confrères n'acceptera de prendre le risque d'hypothéquer son patrimoine privé pour supporter ces déficits et payer un train qui va droit dans le mur !"

En négociation depuis plusieurs mois avec l'INAMI, les généralistes luxembourgeois sont inquiets de l'absence d'avancées et lancent un cri d'alarme aux responsables politiques "pour relayer d'urgence nos inquiétudes".


Christophe Thiry