Environnement

Pollution sur la Mellier : les agriculteurs laissés dans le vague

Pollution sur la Mellier : les agriculteurs laissés dans le vague
 Publié le mardi 20 fevrier 2024 à 16:43 - Mis à jour le mardi 20 fevrier 2024 à 16:58    Habay

Deux semaines après la pollution à Marbehan, les agriculteurs installés peu en aval sur la Mellier et sur la Rulles, s’interrogent sur les conséquences pour leur bétail. A ce jour, ils n’ont encore reçu aucune information officielle.


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Alors que les pêcheurs sur la Mellier, la Rulles et la Semois, savent à quoi s’en tenir depuis fin de semaine dernière (le Ministre Willy Borsus a reporté l'ouverture au 1er juin), les agriculteurs, eux, restent dans le flou le plus total, suite à la pollution aux huiles contaminées sur le site d’infrabel à Marbehan.

Installée à Harinsart, à quelques méandres du point d’impact, Florence Denis est aux premières loges : “Nous attendons avec impatience l’annonce des résultats des analyses”. Son voisin, Jean-Denis Monfort abonde : “En fonction du degré de contamination de la rivière, les conséquences pourraient être vraiment fâcheuses pour nos exploitations”. 

Et  l’un comme l’autre d’ajouter aussitôt : “Mais ce qui nous étonne le plus, c’est de n’avoir encore rien reçu. De personne”.  “Pas un mail, pas la moindre information sur l’évolution de la situation. Pas le moindre appel à la prudence. Nous avons tout appris par la presse”.

Des prairies régulièrement inondées

Âgés tous deux d’une trentaine d’années, Florence Denis et Jean-Louis Monfort ont suivi le même parcours. Enfants d’agriculteurs, elle à Harinsart, lui à Orsinfaing, ils ont repris les exploitations familiales orientées dans l’élevage de vaches viandeuses. “Mes terrains longent la Mellier sur plusieurs centaines de mètres juste après Marbehan”, nous précise Jean-Denis Monfort. “Ils sont clôturés, mais comme la réglementation nous le permet, j’ai aménagé sur quatre mètres un accès direct à la rivière pour que les vaches puissent aller s’abreuver”. 

Notre exploitation à nous se situe un peu plus aval, et borde la Rulles sur plus d’un kilomètre juste après le confluent avec la Mellier”, explique Florence Denis. “Nous aussi disposons d’un accès à la rivière que nous pourrions facilement refermer, mais le plus inquiétant, je trouve, c’est que nos terrains sont régulièrement inondés. Et ils l’étaient encore, sous eau, au moment de la pollution”.

Qu’en sera-t-il des prairies une fois la Mellier et la Rulles redescendues dans leurs lits ? Que risquent les troupeaux une fois de retour aux champs, normalement prévu d’ici quinze jours, trois semaines ? Comment être certain que les animaux ne seront pas contaminés et déclarés impropres à la consommation ? 

Autant de questions que se posent les jeunes agriculteurs et pour lesquelles ils auraient souhaité recevoir au moins un début de réponse de la part de la commune ou de la région wallonne. “J’ai moi-même dû entamer les démarches auprès du DNF, qui est revenu vers moi en me demandant ce que je souhaiterais comme analyse de sol. C’est bien. Mais je m’étonne que les autres agriculteurs du coin n’ont pas encore été contactés…” 
Quand j’ai téléphoné moi-même à la commune (de Habay, ndlr) il m’a été répondu que je n’avais pas à me tracasser, tant que le bétail était toujours à l’étable… Mais se rend-on compte que la sortie d’hiver ne s’improvise pas ?” 

Les premiers résultats d’analyses prises sur le site d’Infrabel et sur les rivières tomberont d’ici peu et apporteront leurs premiers enseignements. Fin du mois, nous confirme l’Institut Scientifique de Service Public (ISSeP), de nouveaux prélèvements seront menés en plusieurs endroits sur des terrains situés en aval à proximité des rivières. 


Christophe Thiry





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