Marseille l'a révélée en athlète professionnelle, mais c'est depuis son arrivée à Anvers que Florine Gaspard brille aujourd'hui à l'international. De retour à Bastogne, là où tout a commencé, la nageuse revient sur ses deux premières médailles européennes, décrochées lors des championnats d'Europe de Lublin, en Pologne. Entretien.

L'argent sur le 100m brasse, le bronze sur le 50m brasse, c'est complètement fou, vous réalisez  ?

Je ne réalise pas vraiment encore que je suis double médaillée européenne, mais c'est clair que j'ai vécu une semaine assez folle. C'est fou de revenir de ces championnats avec deux médailles. J'avais cet objectif en tête et je voulais revenir avec au moins une médaille. Sur le 100m, c'était vachement inattendu, sur le 50m, un peu moins. Je fais record de Belgique en demi-finale sur le 100 m en faisant presque une course parfaite. Pareil en final, donc je n'ai vraiment aucun regret. Et sur le 50m, je suis à un centième de mon record de Belgique. J’aurais voulu l’effacer parce que c’est toujours chouette d’améliorer son temps. Mais d'un côté, un 50m, ça se joue tellement à rien, que c'était aussi un peu de la chance. Je suis juste contente d'avoir pris la médaille de bronze.

Avant les Jeux olympiques de Paris, vous aviez délaissé votre nage de prédilection, la brasse, pour retrouver du plaisir sur le nage libre. Et finalement vos deux premières médailles européennes, vous les décrochez en brasse…

Oui, c’est ça qui est fou aussi. Je ne me qualifie pas pour les Jeux sur le 100m brasse, donc j'arrête de nager de la brasse et je me donne une chance sur le crawl.  Et au final, en renageant de plus en plus de brasse et en reprenant de plus en plus de plaisir, je fais mes premières médailles  à l’international sur mon premier amour. C’est extraordinaire !  D’autant que je pense avoir retrouvé une relation super saine avec la brasse. Ces médailles ont donc encore plus de saveur.

Vous évoquez souvent la chance, mais il y a beaucoup de travail aussi. Vous ne vous êtes  pas ménagée ces dernières années….

Non, c'est clair. Je parle beaucoup de chance parce que sur le 50m, ça se joue à rien. Et souvent, on a besoin d'avoir un petit peu de chance. Mais c'est certain que ça fait des années que je travaille, que j'essaie de faire les bons choix pour la natation. Finalement, je suis récompensée à 24 ans. C'est peut-être un peu tard, mais il vaut mieux tard que jamais. Je suis vraiment fière de la carrière que j'ai pour le moment. J'ai eu des moments difficiles, mais aussi des super moments. Je n’ai pas travaillé pour rien.

On vous a vu véritablement éclore en partant à Marseille. Aujourd'hui, vous êtes de retour à Anvers, en Belgique. C’est tout un symbole d’exceller sur la scène internationale après un retour dans votre pays.

Oui, c'est vrai qu'à Marseille, j'ai vraiment découvert le haut niveau. Le fait de s'entraîner dur et de tout donner pour la natation. Je pense qu'à Marseille, je suis vraiment devenue une athlète professionnelle. Et en arrivant à Anvers, j'ai continué de progresser. J'avais vraiment trouvé une deuxième maison en bord de Méditerranée. Pendant quatre ans, j’ai créé mes routines. J’avais un super coach, mes partenaires d'entraînement étaient devenus une deuxième famille. C’est difficile de quitter un environnement qu'on affectionne. Mais je savais que c'était mieux pour la natation. En arrivant à Anvers, j'ai eu un peu du mal les premiers mois. Je ne parle pas du tout néerlandais, donc je ne comprenais pas vraiment ce que les autres disaient et je restais un peu distante. Mais j’ai fini par trouver mon équilibre dans le groupe et cela se passe super bien avec mon entraîneur, Mark Faber. Refaire des super résultats, surtout devant son public, c'est vraiment chouette. Revenir en Belgique, c'était sans doute la meilleure décision. Et c'est peut-être aussi pour ça que j'ai fait des médailles à Lublin.

Vous avez l’impression d’être dans la forme de votre vie ?

Je n'aime pas trop dire ça. Aux Jeux, on avait déjà dit que j'étais dans la forme de ma vie. Aux Mondiaux de Singapour aussi, et de nouveau à Lublin. Je pense que je suis dans mes meilleures années. Mais j'espère vraiment que l'avenir est encore meilleur et que je vais encore progresser. J'aimerais beaucoup m’améliorer en crawl et sur le 100m, par exemple. Quand je me compare aux autres nageuses, elles sont toutes un peu plus musclées que moi. Il faut que j'essaye de gagner un peu de force et d'explosivité. Je deviens vraiment bonne dans tout, mais tout reste à améliorer.

Quels sont vos prochains objectifs ?

Durant  la saison 2026, il y a les championnats d'Europe à Paris. Un petit retour à la maison en quelque sorte. Je suis contente que ce soit en France. Les qualifications auront lieu en mars, à Anvers. J’aurai une deuxième chance de qualif en mai, mais j’espère vraiment valider mon ticket le plus tôt possible.

2025 touche tout doucement à sa fin. Quel regard portez-vous sur l'année écoulée ? 

J'ai l'impression que c'est une de mes plus belles années. Je fais une finale aux championnats du monde de Singapour sur une distance qui était en quelque sorte nouvelle pour moi, le 50 crawl. Et puis, je décroche mes premières médailles internationales à Lublin. Même si c'est en petit bassin, ça reste des premières médailles internationales. Je m’en souviendrai toute ma vie. Et puis, je pense surtout avoir gagné beaucoup d'expérience pour la suite. J’espère aborder les prochaines saisons avec tout le bagage et toute la positivité que j'ai créée en 2025.

Que peut-on vous souhaiter pour 2026 ?

Plus de médailles, peut-être. J'espère vraiment réussir à Paris la même chose qu'à Lublin. Beaucoup de bonheur aussi, et surtout continuer d'aimer la natation et ma vie de nageuse autant que maintenant.