Nous vous en parlions ce jeudi , les services d'aide à la jeunesse manifestent leur mécontentement face au manque de moyens dont ils souffrent. Ce lundi, l'ensemble du personnel luxembourgeois s'est rassemblé à Libramont pour faire entendre ses arguments.
Ils étaient plus de 150 ce lundi après-midi sur la place communale de Libramont afin de manifester leur mécontentement face au manque de moyens et de solutions pour prendre en charge les enfants en danger.
Jean-Philippe Florent et Olivier Vajda, les deux députés d’ECOLO Luxembourg, sont venus à la rencontre des grévistes. « La jeunesse d’aujourd’hui constitue notre futur et nous devons dès lors tout mettre en œuvre pour venir en aide à ces jeunes et familles en difficultés. La demande des acteurs de terrain est simple : plus de moyens, pour des services plus humains et plus efficaces. Pour qu’on ne se retrouve pas demain avec un drame, faute d’une aide apportée en temps utile », explique Jean-Philippe Florent. Ce dernier interrogera ce mercredi la Ministre Glatigny sur les manques de moyens et d’effectifs de ces services, et l’invitera à rencontrer les acteurs de terrain.
Le soutien des services extérieurs
Dans leur démarche, les manifestants ont été rejoints par des représentants extérieurs : des services d'hébergement et d'accueil agréés, SOS Enfants, le service de santé mentale de Libramont, et bien d'autres. On retrouvait également des avocats, qui avaient déjà par ailleurs marquer leur soutien le 30 juin au travers d'un communiqué :
Le Barreau du Luxembourg prend connaissance des revendications et de la mise à l’arrêt des Services d’Aide à la Jeunesse et des Services de Protection de la jeunesse de l’arrondissement ( voir notre reportage ). Si le Barreau regrette une telle mise à l’arrêt de ces services, il ne peut que partager les constats posés par le secteur et soutenir les revendications.
Nous constatons également au quotidien les difficultés rencontrées par le personnel dans la gestiondes différentes situations auxquelles celui-ci est confronté. Qu’il s’agisse des conditions de travail, du manque de personnel, des conditions d’accueil ou encore de la charge mentale liée aux choix cornéliens qui doivent être faits.
Les travailleurs sociaux sous pression
Le manque de personnel entrainant des retards dans la prise en charge des situations, le manque de temps pour accompagner dignement les familles ou encore pour répondre aux demandes légitimes. Ce manque de personnel accroit la fatigue et la pression sur les travailleurs sociaux entrainant des absences de plus en fréquentes et qui ne font qu’amplifier ces problématiques. Outre le manque de personnel, force est de constater que de plus en plus de familles et de jeunesse retrouvent sans solutions adaptées et que les décisions prises relèvent souvent du bricolage. Non pas par manque de compétences des travailleurs sociaux mais en raison de l’absence de solutions structurelles.
Manque de famille d’accueil, manque de places en institution, manque de services entrainant des listes d’attentes interminables entrainant un abandon des familles et des jeunes en difficultés voire une aggravation des situations de danger.
Mépris des droits fondamentaux
Il est inconcevable de devoir prioriser les situations de danger ou de maltraitance d’enfant et de devoir faire des choix contraires à l’intérêt de ces jeunes et ce au mépris des fondamentaux. Il est intolérable de voir ces travailleurs supporter la responsabilité de choisir entre les enfants et familles, et ce en raison du manque de structure d’accueil ou de service adapté. Si nous avons pu nous réjouir des avancées apportées par le décret du 18 janvier 2018, ambitieux et renforçant les droits des jeunes et des familles, nous devons constater qu’il ne peut être appliqué correctement en raison du manque de moyen accordés au secteur.
Nous ne pouvons que souligner l’important travail de terrain réalisé par les travailleurs et travailleuses du secteur dans l’intérêt des enfants et des familles et ce malgré les difficultés rencontrées au quotidien, qu’ils relayent aujourd’hui. Si le secteur tient le coup aujourd’hui et limite les dégâts, c’est uniquement en raison du dévouement et de la créativité des acteurs de terrain dont le travail est méconnu et non suffisamment valorisé. La jeunesse d’aujourd’hui constitue notre futur et nous devons dès lors tout mettre en œuvre pour venir en aide à ces jeunes et familles en difficultés. Par conséquent, le Barreau appelle de tous ses vœux à un dialogue entre les autorités et le secteur afin de trouver des solutions structurelles permettant de mettre un terme à ce blocage mais surtout de se donner le moyen de nos ambitions.
Pierre NEYENS, Bâtonnier du Barreau du Luxembourg
Coralie PAUL, Présidente du Bureau d’aide Juridique du Luxembourg
Anne Catherine LEPAGE, Présidente de la Commission Jeunesse du Barreau du Luxembourg