La Province a clôturé ce mercredi matin la dernière session budgétaire de la législature. Après moult économies réalisées dans la gestion du personnel, des bâtiments et en termes d’énergie notamment, la majorité laisse une situation financière plutôt favorable. La minorité regrette le manque d'ambition.
Majorité "Engagés-PS" contre opposition "MR -Ecolo" : sans surprise, les résultats du vote sur ce dernier budget de la législature provinciale s’est inscrit dans la suite de tous les autres. En léger boni, 1M€ sur 122M€, le budget 2024 est marqué par l’octroi de chèques repas pour l’ensemble du personnel, et une diminution du précompte immobilier, en faveur des propriétaires, de 1980 à 1900 centimes additionnels. Cet allègement de la fiscalité est réclamé de longue date par l’opposition MR, qui juge l’effort loin d'être suffisant. "Pour une maison avec un revenu cadastral de 745€, cela représentera 15€. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas le Pérou, d'autant que leur taxe augmentera de 34€ par le simple fait de l'indexation. En plus, c'est totalement illisible pour le citoyen", regrette le chef de file du MR Michel Jacquet.
L'allègement de la fiscalité engendrera un manque à gagner de trois millions d’euros, dans les caisses provinciales, à relativiser au regard des six millions supplémentaires que la simple indexation de ce même précompte rapportera à l’institution. "On peut toujours faire plus, reconnaît Elie Deblire au nom des Engagés, mais il ne faut pas oublier les engagements importants vis-à-vis de nos hôpitaux, ou vis-à-vis de la zone de secours, où là nous n'avons pas grand chose à dire, puisque ça nous est imposé".
Au budget "réaliste", "innovant", "audacieux", jugé par les uns, les autres le verront "en manque d’ambition", "insipide", et "en affaires courantes". Tous les conseillers en revanche s'accorderont sur la bonne santé des finances provinciales, après des années de gestion rigoureuse au niveau du personnel, des bâtiments, des économies d’énergie. Même unanimité quant au maintien de l’institution, en Luxembourg peut-être plus qu’ailleurs, et à la place qu’elle se doit de conserver entre les niveaux communal et régional. "Parmi les nouveaux services proposés par la Province, je relève les aides à la supracommunalité, prévues pour alléger le travail des communes, que ce soit au niveau des cours d'eau ou de l'aide technique", insiste Elie Deblire."Un secteur pour lequel la Province peut être fière, c'est celui des IMP. Les équipes y assurent un enseignement de qualité et la Province innove en lançant des classes inclusives. La première ouvrira à Assenois (Léglise)", relève Francis Steiffer, dont ce sera le dernier mandat.
Mais si la province peut être fière de ses atouts, elle doit aussi arrêter de faire de tout, pour reprendre les mots du chef de file socialiste. La minorité pousse un peu plus fort et crie même au manque de vision stratégique. "L'institution risque fortement de disparaître, ça semble de plus en plus clair dans le monde politique, avance Guirec Halflants pour Ecolo. L'enjeu est d'anticiper, analyser les conséquences et voir comment répondre aux besoins des citoyens de la province". Moins catégorique que son collègue sur l'avenir de l'institution, Michel Jacquet pointe tout de même l'urgence d'identifier les matières à conserver : "Je suis persuadé qu'un certain nombre de compétences glisseront d'un pouvoir à l'autre. Et je constate qu'on ne s'y prépare pas suffisamment".