Un couple de loups est installé en forêt d’Anlier.  Le SPW organisait ce jeudi soir, à Léglise, une réunion d’informations à destination des éleveurs situés dans la zone.  

Le retour du loup en forêt d'Anlier provoque de nombreuses inquiétudes chez les éleveurs du territoire :

"Je ne conçois pas de faire le tour de mes prairies en comptant les cadavres", exprime Benoit Jacob, agriculteur bovin à Anlier.  

Beaucoup expriment leurs angoisses morales, d'autres leurs craintes face à une menace supplémentaire sur leur secteur.  "Les agriculteurs sont déjà dépendants de beaucoup de choses.  Ils ont déjà beaucoup de problèmes.  Avec le loup, on va encore en connaître plus, regrette Jean-Louis Collard, éleveur de bovins à Léglise. Comment sera-t-on indemnisé en cas d'attaque ?  ça on n'y voit toujours pas clair...."

"Ne faudrait-il pas s'en débarrasser avant qu'il ne fasse des ravages dans nos troupeaux ?"  "Que risque-t-on si on le tue ?", se demandent aussi plusieurs éleveurs. 

"Le loup étant un animal protégé, s’en débarrasser peut coûter jusqu'à 1 million d'euro et de l’emprisonnement", rappelle Michel Baillij, inspecteur général au DNF. 

Des solutions létales pour se débarrasser d'un loup devenu trop dangereux existent néanmoins.

Des mesures de protection avant d'éventuelles attaques

Conformément au Plan Loup du Service Public de Wallonie, une zone de présence permanente - une ZPP - a été déterminée en forêt d’Anlier pour accompagner les éleveurs. 

"Cela nous permet de fournir des moyens de protection aux éleveurs en anticipation, explique Alain Licoppe, le coordinateur du Réseau Loup, sans attendre qu'il y ait eu des attaques pour subventionner les moyens de protection."

C'est Natagriwal qui accompagne les éleveurs pour la protection des troupeaux. Trois chargés de mission effectuent des visites de terrain pour analyser les risques et faire des diagnostics de vulnérabilité ( prevention.loup@natagriwal.be ).  Parmi les mesures de protection :

  • des kits de protection temporaires,
  • le renforcement de clôtures existantes,
  • et des formations sur l'utilisation des chiens de troupeau.

"Les clôtures électriques sont très efficaces contre le loup, explique Mathieu Halford, chargé de mission Loup pour Natagriwal.  Elles doivent être suffisamment puissantes, mais les appareils qu'on met à disposition des éleveurs sont calibrés pour que le loup en soit traumatisé et n'ait plus envie de s'approcher d'aucune clôture."

Que faire en cas d'attaque ?

Appelez dès que possible le Réseau Loup – 081 62 64 20 afin de permettre des relevés ADN les frais possibles pour déterminer s’il s’agit d’une attaque de loup ou non.

Ne déplacez pas le corps de l’animal et couvrez-le d’une bâche pour éviter la consommation post-mortem par les charognards.

Des inquiétudes persistantes

Au terme de l'analyse ADN, si une attaque de loup est avérée, une grille d’indemnités existe pour les ovins et devrait être réalisée pour d'autres espèces.  "Quid si c'est une bête de concours qui est attaquée ou une brebis en gestation ? ", continuent de se demander certains éleveurs.

Quelques-uns évoquent aussi le parcellaire de la forêt d’Anlier, difficile et coûteux à protéger avec beaucoup de bois, de haies, des petites parcelles imbriquées, et la main d’œuvre que l'installation des clôtures va représenter. 

Rappelons que jusqu’à présent, les experts du DEMNA ont relevé une seule attaque de loup sur des moutons, en forêt d’Anlier, qui remonterait au moins de juin.  

D'autres, plus rares dans l'assemblée et se présentant comme naturalistes, semblent en faveur d'une cohabitation.  "Le loup peut avoir des bénéfices sur la régulation des espèces sauvages, estime Xavier Mestdagh, éleveur de moutons et brebis en complémentaire à Martelange.  On nous a bien expliqué que le loup allait de toute façon se réinstaller chez nous.  La dispersion se fait à une échelle plus large que la Belgique.  Moi je vois d'un assez bon œil qu'un couple s'installe chez nous, ça nous permet de recevoir des aides anticipativement pour investir dans des protections dans la protection de nos troupeaux."

Le mâle identifié, la femelle pas encore

Le mâle a été identifé comme venant de la meute du Nord-Eifel, dans la ZPP des Hautes-Fagnes.  La femelle n'a pas encore identifié au niveau génétique, "mais des analyses devraient le permettre dans les prochaines semaines", espère Alain Licoppe, le coordinateur du Réseau Loup.  Une reproduction est attendue au printemps 2026.