La province de Luxembourg est à son tour submergée de frelons asiatiques. Du nord au sud, les signalement de nids se font par dizaines chez les professionnels de la destruction.
Aux ruchers, le prédateur occasionne d'énormes pertes dans les colonies d'abeilles.
Au fur et à mesure que les arbres se dénudent, les nids de frelons font leur apparition.
De forme arrondie et d'un diamètre pouvant atteindre 80 cm voire plus, les nids de fin de saison contiennent jusqu'à 6000 individus.
"A priori il n'y a pas trop de danger avec les frelons installés en haut des arbres. Attention en revanche avec ceux qui se cachent dans les haies, à hauteur d'homme. Vous pourriez vous faire attaqués, et là..."
Nicolas Jadot piégeur professionnel Marche-en-Famenne
Pompier professionnel, Nicolas Jadot travaille en complémentaire dans la destruction de nids de guêpes et frelons asiatiques.
Des demandes d’interventions, comme il a effectué ce matin à Wellin, il en reçoit plus d’une dizaine par jour.
"Par rapport à l'an dernier, on peut multiplier par trois ou par quatre le nombre d'interventions"
Nicolas Jadot piégeur professionnel Marche-en-Famenne
Aperçu pour la première fois en Belgique près de Tournai, il y a tout juste dix ans, le frelon asiatique intensifie son expansion sur l’ensemble du territoire. Du sud au nord de la province, les nids sont désormais partout.
"Nous avons aperçu le nid il y a quelques jours, juste à côté de la cour de récréation de l'école. On a directement prévenu la commune, propriétaire du terrain, pour éviter le moindre problème avec les élèves"
Charly Borsus, ELMA Marche-en-Famenne
Depuis un an, le frelon asiatique n’est plus considéré en Wallonie comme espèce invasive. La destruction des nids n’est pas obligatoire, sauf en cas de danger. Et c’est au propriétaire du terrain qu’incombe la responsabilité. Non pas de se risquer à une intervention, mais bien de faire appel à des professionnels
"N'essayez même pas avec une tenue d'apiculteur, les dards percent à travers. Il faut des tenues spéciales beaucoup plus épaisses"
Pierre Henrot piégeur professionnel à Somme-Leuze
Et il faut aussi disposer de perches permettant d'atteindre le nid, parfois situé à plus d'une vingtaine de mètres de haut, le percer sans le faire tomber et y injecter l’insecticide en poudre. En quelques heures, le foyer sera détruit. Un parmi tant d’autres…
"C'est la période cruciale. Avant l'hiver s'échapperont du nid, jusqu'à 500 fondatrices. Dix à quinze pourcents des reines vont survivre. Ça fait tout de même une cinquantaine de nids l'an prochain. C'est exponentiel"
Pierre Henrot piégeur professionnel Somme-Leuze
Les premières victimes de ces frelons asiatiques, ce sont les pollinisateurs : 11kg d’insectes pour nourrir un seul nid. Et les conséquences commencent à se ressentir auprès des apiculteurs. Etienne Raskin, apiculteur à Marche-en-Famenne a vu son rucher se réduire à six colonies. Et il va en prendre encore une… "Regardez : celle-ci est infestée de frelons", se désole-t-il.
A l’intérieur de sa ruche, une trentaine de frelons ont trouvé à se nourrir de miel, et d’abeilles. A côté et tout autour, sur les planches d’envol, guettent des dizaines d’autres prédateurs, prêts à fondre sur leurs proies.
"Je n'ai jamais eu ça avant. J'ai vu les premiers débarqués il y a trois semaines environ"
Etienne Raskin, apiculteur
Nombreux sont les apiculteurs à s’interroger et à se montrer très pessimistes quant à la survie de leur rucher…
Et à défaut de solution miracle, chacun y va de son moyen de défense. Certains ont opté pour des grillages de protection aux entrées. D'autres, comme Etienne, misent sur des barrières électriques.
"C'est un peu comme une harpe, dont les fils sont électrifiés. Quand le frelon passe dedans, il se fait électrocuté. L'abeille en revanche est plus petite. Elle ne touche qu'un seul fil et ne ressent aucune décharge"
Etienne Raskin, apiculteur
Endiguer la progression passe aussi par le piégeage. Il y a deux ans, la commune de Marche-en-Famenne avait elle aussi distribué un certain nombre, et type, de pièges… qui se sont avérés… bien trop peu sélectifs.
"On a suivi les recommandations de la Wallonie et du Cari (asbl d'expertise aux apiculteurs, ndlr). Il s'est avéré que les pièges proposés n'étaient pas très efficaces. Les apiculteurs de Marche-en-Famenne ont proposé un autre type de piège, que nous allons acheter et distribuer"
Jean-François Piérard échevin à Marche-en-Famenne
Avant le printemps prochain, période d’essaimage des futures reines, la ville relancera donc distribution de ces nouveaux pièges auprès des apiculteurs, et le plus largement possible au sein de la population, pour créer un maillage complet sur son territoire.
Avec l’espoir, sinon de l’éliminer, au moins de freiner la propagation du frelon asiatique.