Six des dix communes belges ayant le revenu médian le plus élevé sont frontalières du Luxembourg. La conséquence du niveau de revenus élevé des frontaliers travaillant au Luxembourg, très présents dans lesdites communes.

Parmi les dix communes belges dont le revenu médian est le plus élevé, six sont situées à la frontière avec le Luxembourg, selon les nouveaux chiffres sur le revenu médian de 2022 publiés par Statbel, l’office belge de statistique. Un phénomène qui souligne l’effet de hausse provoqué par les revenus des travailleurs frontaliers sur le revenu moyen de ces communes.

De fait, Attert, situé à la frontière du Luxembourg, propose le revenu médian net le plus élevé en Belgique, à 42.211 euros, suivi de Messancy (2e, 37.226 euros). La commune d’Etalle, avec 34.978 euros, prend la quatrième place du classement, suivie de Saint-Léger (5e, 34.924 euros) et d’Arlon (6e, 34.822 euros). Habay, avec un revenu médian de 34.120 euros, occupe la 10e place.

Précisons que le revenu médian pris en compte par Statbel est le revenu disponible équivalent administratif, ajusté selon la composition du ménage, qui prend en compte, pour l’ensemble de la population, les revenus (nets) imposables et non imposables (revenu professionnel, allocations sociales, pensions, revenu d'intégration, revenus locatifs, revenus du capital, allocations familiales, rentes alimentaires, etc.).

Des travailleurs frontaliers très présents

Sans surprise, ces six communes de la Province de Luxembourg sont parmi celles accueillant le plus de frontaliers travaillant au Luxembourg: cinq d’entre elles figurent dans les dix communes accueillant le plus de frontaliers, selon les chiffres au 29 mars 2024 de l’inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) du Luxembourg. Et, rapporté à la population totale de la commune, elles ont toutes une part de travailleurs frontaliers dépassant les 20% et se situent parmi les taux les plus élevés.

L’effet de hausse sur le revenu moyen de la commune du fait de la présence de travailleurs frontaliers est d’autant plus prégnant lorsqu'on compare ce revenu médian par commune avec les salaires moyens selon la localisation de l’employeur en Belgique - une statistique qui ne prend donc pas en compte les salaires perçus au Luxembourg par les travailleurs frontaliers, mais seulement celui versé par les employeurs locaux.

Les salaires des employeurs locaux peu élevés près de la frontière

Dans ce cadre, la région de Bruxelles-Capitale offre le salaire mensuel brut moyen le plus élevé, à 4.748 euros, au-dessus de la moyenne nationale qui s’élève à 4.076 euros. De quoi expliquer la présence des quatre autres communes du top 10 de celles ayant le revenu le plus élevé (Kraainem, Tervuren, Wezembeek-Oppem et Woluwe-Saint-Pierre), qui sont toutes situées dans le centre du pays, à proximité de Bruxelles.

Rien de cela par contre près de la frontière du Luxembourg: les arrondissements d’Arlon, de Bastogne, de Neufchâteau ou de Virton ont tous un salaire mensuel brut moyen plus faible que la moyenne nationale, voire parmi les plus faibles du pays. Les salaires proposés par les employeurs locaux ne permettent donc pas d’expliquer pourquoi les habitants des communes frontalières d’Attert ou de Messancy bénéficient du revenu médian le plus élevé du pays.

Ce sont donc bien sûr les quelque 50.000 travailleurs frontaliers belges qui tirent vers le haut ce revenu médian grâce à leur salaire de niveau luxembourgeois. De fait, les travailleurs frontaliers belges ont perçu en moyenne un salaire de 67.038 euros sur l’année 2022, selon les derniers chiffres du Statec, l’institut de statistique luxembourgeois.