En ce jeudi 1er mai, la FTGB Luxembourg a rassemblé ses militants et sympathisants. Opposés à bien des réformes du gouvernement Arizona, le syndicat appelle à résister à des mesures qui, selon lui, cassent le modèle social belge.
C'est une tradition depuis une dizaine d'années, la FGTB Luxembourg organise de son côté sa journée du premier mai, tandis que le PS Luxembourg propose à ses militants une autre formule. En l’occurrence, une soirée organisée, cette année, la veille à La Roche-en-Ardenne. Pour autant, les élus socialistes étaient bien présents ce jeudi à Libramont à la centrale du syndicat socialiste. Il faut dire que les mesures des nouveaux gouvernements ont permis à la famille socialiste de resserrer ses rangs.
En ce premier mai, la résistance aux réformes du gouvernement Arizona est dans tous les discours. Pensions, droit au chômage, sécurité sociale, enseignements... depuis le mois d'octobre le syndicat est sur tous les fronts. À 65 ans, le patron luxembourgeois de la FGTB, joël Thiry, affirme qu'il n'a jamais vécu une période aussi sombre pour les droits des travailleurs.
"Je pense qu'on est en train de vivre des reculs sociaux qu'on n'a pas connus depuis des décennies. Il faut remonter à la période 1960-1961, avec ce qu'on appelait la loi unique ou "loi inique". On pourrait d'ailleurs les appeler aussi comme ça maintenant, les lois iniques qui touchent les pensions, toute la sécurité sociale, l'exclusion d'allocation de chômage avec plus de 100 000 personnes qui vont être concernées. Donc c'est vraiment un bulldozer. Pour moi, ce sont des gens qui sont en train de casser le modèle social".
La crainte d'une casse sociale de grande ampleur a été relayée par la Mutualité socialiste, mais également l'association Lire et écrire et le Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté. Sa secrétaire générale, la marchoise Christine Mahy, a livré un plaidoyer pour plus de solidarité, y compris entre travailleurs et demandeurs d'emploi que l'on oppose trop souvent.
"On a l'obligation de reconstruire les solidarités autrement"
Christine Mahy, secrétaire générale du RWLP
"Le premier mai, pour moi, c'est la fête de l'ensemble de la population en capacité de travailler, qu'elle y soit ou qu'elle n'y soit pas. Il faut faire une forte alliance pour que les travailleurs comprennent l'importance de soutenir les chômeurs, pour qu'ils puissent faire un cheminement dans la formation et arriver dans l'emploi, en levant tous les obstacles et les coups bas qui empêchent d'arriver à l'emploi. Tout comme il faut que les chômeurs comprennent qu'il faut s'intéresser aux conditions de travail des travailleurs. Il faut faire des alliances intimes entre les deux".
Des alliances qui en ce premier mai se dessinent clairement à gauche, pour promouvoir un autre projet de société. C'est ce qu'a défendu, à la tribune, le député fédéral socialiste, Philippe Courard :
"Il faut le construire avec toutes les forces de gauche, avec toutes celles et ceux qui rêvent d'une société équilibrée, apaisée et solidaire. C'est ce projet-là qu'il faut avoir et qui passe inévitablement, puisqu'on manque d'argent globalement, par une taxation des plus-values des très riches. On parle pas des riches, on parle des très riches. On met toujours en exergue la fraude sociale, qu'il faut certes combattre, mais qui est peu représentative des besoins que nous avons. Par contre, on ne s'attaque pas du tout à la fraude fiscale, et c'est là qu'il y a des milliards à récupérer."
"On n'a pas assez réagi face au démantèlement des protections sociales"
Joël Thiry, secrétaire régional de la FGTB Luxembourg.
"Nous n'avons pas été assez combattifs face aux inégalités"
Jacques Gennen, président de la Mutualité socialiste
En ce premier mai, les orateurs présents ont tous, à un moment ou un autre, évoqué la responsabilité collective qui incombe à leurs membres dans le bouleversement politique et social que connaît actuellement la Belgique. Joël Thiry pour la FGTB ou Jacques Gennen, pour la Mutualité socialiste, l'ont reconnu, ils n'ont peut-être pas assez vigoureusement défendu le modèle social qui leur est cher face à l'idéologie néo-libérale. Dans les prochains mois, c'est dans la rue qu'ils le défendront.
Recevez notre newsletter pour ne rien manquer de l'info, du sport et de nos émissions