Publié le vendredi 31 janvier 2025 à 18:57 - Mis à jour le vendredi 31 janvier 2025 à 19:29 Bastogne
Le parc éolien souhaité par le promoteur Renner Energies, à Marenwez (Bastogne), ne fait pas l'unanimité. Lors de la réunion d'information publique organisée mercredi soir, les habitants des villages directement impactés n'ont pas hésité à faire part de leur mécontentement.
Une cinquantaine de citoyens se sont rendus à l'Hôtel de Ville, mercredi soir, pour assister à la réunion d'information publique que donnait le promoteur éolien Renner Energies. L'objectif de ce dernier était de représenter son projet que les Bastognards connaissent bien, puisqu'il l'avait déjà été lors d'une RIP en 2023. Les quelques modifications apportées au projet depuis ont été présentées au public, toujours mécontent.
Concrètement, le projet prévoit six éoliennes, soit deux de moins qu'il y a deux ans. Les machines seraient implantées dans le massif forestier de Marenwez, derrière le restaurant "Le Chalet Royal". Les éoliennes seraient à 1200 mètres des zones habitées au lieu des 625 mètres recommandés par le code wallon pour ce projet. Et seraient à 700 mètres de la maison isolée la plus proche, au lieu de 400 mètres. Les éoliennes gagneraient en hauteur, passant de 230 mètres à 250, avec une puissance électrique augmentée, à savoir 44 MW au total. Au niveau du massif de 1300 hectares, un déboisement de 5,7 hectares serait nécessaire, soit 0,4% de sa superficie.
"Votre projet n'est visiblement pas abouti"
Au moment des questions-réponses, les citoyens n'ont pas hésité à soulever des incohérences dans cette nouvelle présentation, notamment le nombre de ménages qui bénéficieraient de l'électricité produite. Le chiffre a en effet changé en l'espace de deux semaines. Le chef de projet, Nathan Stranart, a expliqué qu'il était difficile d'avoir des chiffres précis avant d'avoir déposé le permis. Une autre dame a encore relevé: "Vous dites que vous avez supprimé deux éoliennes pour diminuer la pression visuelle pour les habitants. Sauf que vous avez supprimé celles qui étaient les plus éloignées des maisons." Un homme a quant à lui demandé s'il serait possible de faire des analyses fouillées puisque ce site historique était un champ de bataille il y a 80 ans. Nicolas Jorion, représentant du bureau d'études M-Tech, a affirmé qu'il serait possible de faire des relevés au début des travaux. Le chef de projet de Renner Energies a ensuite ajouté que les citoyens auraient la possibilité de se rendre sur le chantier. "Mais pourquoi attendre? C'est maintenant qu'il faut y aller!", s'est exclamé ce même citoyen. Mais sa question est restée sans réponse avant que des applaudissements ne retentissent dans le public, comme stupéfait par ce silence de la part du promoteur.
A la question de savoir ce qu'il en est de leur santé et de la dévaluation de leur maison ou terrain, Nicolas Jorion a expliqué qu'un chapitre était consacré à la première dans leur étude, tandis qu'une autre étude serait réalisée pour la deuxième. "Et faites-vous une étude sur l'impact qu'auront les travaux sur les citoyens?" a demandé une dame au fond de la salle. "Nous savons le bruit que fait un camion, a répondu Nicolas Jorion. Nous savons également la durée durant laquelle ils passeront, ainsi que la période où ils le feront. Sur base de ça, nous pouvons faire des estimations."
"Nous ne voyons rien sur vos cartes, s'est ensuite exclamé cette même citoyenne. Nous ne voyons que des points, nous ne voyons même pas la route! Maintenant, je veux voir la route par laquelle va passer le charroi. Je veux que vous me montriez sur votre carte!" A cette demande, le chef de projet a expliqué qu'il pouvait seulement montrer un principe d'accès, mais cela n'a convaincu personne dans l'assemblée. "Rien n'est clair, vous nous prenez pour des cons! Vous nous mentez! C'est toujours plus pour vous enrichir et nous, qu'est-ce qu'on y gagne? Vous vous foutez de nous!"
"Désolé pour toute cette confusion"
D'autres encore se sont inquiétés du déboisement de la forêt et de la faune, notamment des chauves-souris. Mais à la fin de cette soirée, les habitants sont repartis avec plus de questions que de réponses. "C'est lamentable, a dit l'un d'eux. Cela fait peur de voir qu'un bureau d'études comme le votre fasse un travail proche de la malhonnêteté intellectuelle. Vous êtes hors sujet, c'est incroyable." Un autre citoyen de Marvie a ajouté: "Votre projet n'est manifestement pas abouti. Vous évoluez au fil de l'eau. Vous diminuez votre coût en diminuant le nombre d'éoliennes tout en gardant votre productivité. Vous savez très bien ce que vous faites."
Le chef de projet s'est excusé plusieurs fois dans la soirée pour toute cette confusion: "Nous savions que c'était compliqué de venir vous présenter le projet maintenant alors que nous vous donnons des éléments qui vont potentiellement changer. Ces éléments seront définis quand nous aurons déposé le permis."
Depuis mercredi, les citoyens ont 15 jours pour émettre leurs remarques au collège communal de Bastogne.
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