Ce 14 octobre, plus de 2.000 grévistes luxembourgeois convergent vers la capitale. Ce matin, les gares de la province étaient rouge et verte de manifestants. Nous avons rencontré les patrons de la FGTB et CSC en gare d'Arlon.
Mesures d'austérité, pensions, réforme de l'enseignement, pouvoir d'achat... les griefs portés par les manifestants à l'égard des gouvernements MR-Engagés sont nombreux. Ce mardi matin, nous avons rencontré Yannick Vincent (Secrétaire fédéral CSC Luxembourg) et Joël Thiry (secrétaire régional de la FGTB Luxembourg) en gare d'Arlon pour une interview croisée.
Est-ce qu'on a une idée ce matin de la mobilisation ici en province du Luxembourg ?
Joël Thiry (FGTB) : "elle se passe vraiment très très bien ici dans le Luxembourg, puisqu'il y aura à mon avis pas loin de 2.000 Luxembourgeois qui vont rejoindre la capitale aujourd'hui. Donc c'est vraiment un très beau succès.
Yannick Vincent (CSC) : "c'est quand même exceptionnel, puisque la dernière fois qu'on a réussi à mobiliser autant, c'était en 2016, contre le gouvernement Michel. C'est quand même une manifestation qui s'annonce historique".
Qu'est-ce qui mobilise les manifestants?
Joël Thiry (FGTB) : "les raisons sont tellement nombreuses que ça serait très long de toutes les citer. En tout cas, on peut déjà dire que c'est un gouvernement qui a vraiment menti. Ils allaient revaloriser le travail, ils allaient donner 500 euros à tout le monde. Je crois que les gens ont compris que c'était de la poudre aux yeux. Par contre, on est en train de s'attaquer aux malades, aux chômeurs, à la sécurité sociale, aux services publics et maintenant aux travailleurs, puisqu'on reparle de saut d'index".
Yannick Vincent (CSC) : "Quand on voit ce qui est annoncé pour les enseignants, il y a de quoi être inquiet. Quand on parle de suppression de la gratuité pour les élèves de primaire, quand on demande à des enseignants de prester 2 heures de plus sans être payés plus, je ne sais pas quel travailleur accepterait cette mesure-là sans aucune concertation préalable".
La manifestation peut-elle encore changer la donne?
Joël Thiry (FGTB) : "le gouvernement donne l'impression d'avancer et de ne pas être fort impressionné par nos actions. Je pense que c'est plus compliqué que ça. Je pense qu'à l'intérieur, il commence à y avoir quand même certaines inquiétudes".
Yannick Vincent (CSC) : "nous, on attend vraiment des Engagés, comme du MR, qu'ils prennent leurs responsabilités et qu'ils appliquent un peu ce qu'il y avait dans leur programme. Et du côté des Engagés, force est de constater que ce n'est clairement pas le cas actuellement. Ils votent des mesures qui sont clairement antisociales. Ils n'arrêtent pas de nous dire que le partenaire est compliqué, en parlant du MR. Mais je trouve cette réponse un peu facile, puisque le MR n'est rien sans les Engagés, il n'y aurait pas de gouvernement".
Joël Thiry (FGTB) : "toutes les actions qui ont été menées jusqu'ici ont déjà permis de faire reculer, petitement, j'en conviens, mais de faire bouger un petit peu les lignes. Donc je crois qu'on doit vraiment durcir le ton. Je crois que l'histoire sociale, elle se crée aussi dans la rue".
Le MR répond en bleu contre rouge aux syndicats dans des publications , dénonçant des mensonges, des inexactitudes. Que répondez-vous?
Joël Thiry (FGTB) : "vous savez, les inexactitudes... alors il faut nous expliquer. Parce que, quand on va chercher 2 milliards dans les pensions, on ne peut les prendre que sur les pensionnés et pas ailleurs. C'est pareil au niveau du chômage. Donc je pense que c'est eux qui sont vraiment dans le mensonge et certainement pas les organisations syndicales".