Il fait toujours débat en agriculture : l'usage des pesticides. Les législations entre les pays de l'Union européenne diffèrent. Ainsi en France, un produit interdit est aujourd'hui réintroduit. C'est une conséquence de la loi Duplomb. En Belgique, il a toujours été autorisé, mais la recherche planche sur des alternatives.

Jugé néfaste pour les pollinisateurs par plusieurs études scientifiques, un pesticide interdit en France depuis 2018 est aujourd'hui réintroduit dans l'hexagone. Son nom ? L'acétamipride, un insecticide utilisé dans de nombreuses cultures en Belgique. En particulier par la fillière bettrave qui bénéficie d'une dérogation. Ce produit serait la seule solution pour lutter contre des pucerons aux effets ravageurs. 

"Les pucerons transmettent des viroses difficiles à éviter sans ce pesticide. Ces viroses provoquent une jaunisse qui donne des pertes de rendement jusqu’à 30%”, explique André Wauters de l’Institut royal belge de l’amélioration de la betterave.”Aujourd’hui, il est donc compliqué de s’en passer”.

Alors cultiver la betterave chez nous sans produit phytosanitaire: vraiment impossible ? La filière bio a tenté d'expérience. 

On a déjà fait des essais en ce sens, affirme François Gorgna, vice-président de l’Union des agriculteurs bio de Wallonie. “La seule raison pour laquelle on a arrêté pour le moment, c’est qu’il n’y pas vraiment de débouché pour cette production. Mais techniquement, c’est tout à fait jouable en misant sur une approche globale de la culture. On travaille sur les paramètres que l’on peut maîtriser : le choix variétal, l’espace entre les rangs… tout ce qui va permettre de limiter l’impact d’un pathogène comme l’insecte”.

La clé pour se passer de l'acétamipride serait cependant de revoir les surfaces de culture et d'accepter les pertes. Mais la recherche tente aussi de trouver des alternatives en agriculture conventionnelle. 

“Depuis plus de cinq ans, tout le secteur mène des recherches pour trouver des solutions”, confie Erwin Boonen”, agronome à la raffinerie de Tirlemont. “Ces solutions sont à la fois génétiques, pour trouver  des variétés moins sensibles. Mais un travail est aussi mené sur la biodiversité qui peut soutenir la plante ou contrôler la population de pucerons”.

L'enjeu pour l'ensemble de la filière est de taille. Car l'interdiction de ce produit sera redébattue à l'échelle européenne en 2033.