Sous les arbres ou dans un silence d’écoute absolue, les histoires trouvent ici un écho rare. Pour sa 36e édition, le plus ancien festival du conte de Belgique a confirmé sa magie, entre ancrage traditionnel et propositions plus audacieuses

À Chiny, le mot se murmure, se partage, se vit. Et dès les premières heures du festival, c’est au cœur d’un écrin naturel qu’on retrouve Geneviève, conteuse venue de Charleroi. Devant un public assis sur l’herbe, elle déroule son histoire : pourquoi il pleut, pourquoi les bâtons de pluie chantent, pourquoi les femmes sont la source de la vie. Une voix chaleureuse, un cadre bucolique, et la magie opère. « Même quand il pleut ici, le soleil est dans les cœurs », sourit-elle.

Autre décor, même intensité. Dans une zone plus intimiste, un dispositif inédit intrigue : trente spectateurs, chacun coiffé d’un casque audio, plongent dans trente histoires différentes. En face d’eux, un seul comédien. Et pourtant, chacun vit une expérience unique. « C’était à la fois troublant, drôle et poétique », confie une participante.

Le conte trouve toujours sa place à Chiny

Ce mélange d’expériences, c’est ce qui fait la force du Festival du Conte de Chiny. Un ancrage fort, une écoute attentive, mais aussi une volonté d’oser. Les conteurs le disent : ici, on joue devant l’un des publics les plus réceptifs. « Le conte a toujours sa place aujourd’hui, à condition de le faire résonner avec notre époque », explique un artiste.

Côté organisation, quelques changements notables cette année. Une nouvelle équipe, une configuration repensée : moins de salles, un espace plus familial et l’introduction de pass « immersion » donnant accès à plusieurs spectacles. « L’idée, c’était de simplifier et recentrer », explique l’équipe organisatrice. Malgré des subsides moindres, les jauges ont été remplies, et l’ambiance restait au rendez-vous.

Des centaines de festivaliers ont sillonné les différents lieux tout au long du week-end, entre magie des mots et partages intergénérationnels. Preuve que le conte, en 2025, ne se contente pas de survivre. Il vit. Et à Chiny, il continue d’émouvoir, de questionner… et d’émerveiller.