Publié le mercredi 12 fevrier 2025 à 17:42 - Mis à jour le mercredi 12 fevrier 2025 à 18:50 Province
Le Luxembourg compte moins de un dentiste pour 2.000 habitants, c’est presque 40% de moins qu’au niveau national. Le manque risque de s’accentuer : près d’un dentiste sur quatre compte arrêter dans les cinq prochaines années.Ces chiffres ressortent du premier “Cadastre des dentistes”, mené par la Province, et que TV Lux vous présente en exclusivité.
La Province de Luxembourg a interrogé sur plusieurs semaines courant 2024, l’ensemble des dentistes exerçant sur le territoire. Sur les 233 dentistes référencés à l’INAMI, 143 sont toujours actifs, dont 122 ont répondu au questionnaire.
Voici le détail.
11 communes sur 43 n’ont pas de dentiste
La province de Luxembourg compte en moyenne 4,8 dentistes pour 10.000 habitants. C’est bien inférieur à la moyenne belge de 7,7 (-38%).
Seules les communes d’Arlon (10,89 ‱), Libramont (10,86 ‱), Durbuy (8,69 ‱), Fauvillers (8,15‱), Tellin (7,88‱) et Marche-en-Famenne (7,79‱) se placent au-dessus de la moyenne belge.
La différence se marque aussi au niveau des arrondissements. Avec 3,08 dentistes pour 10.000 habitants, l’arrondissement de Virton est le moins bien loti. Celui d’Arlon se porte mieux avec 6,41 ‱.
Attention toutefois, ces données tiennent compte du nombre de dentistes installés, et non de leur temps de travail et doivent donc être relativisés… à la baisse. En effet, certains professionnels exercent à temps partiel, d’autres reçoivent en partie en dehors du Luxembourg.
Une profession plus jeune et plus féminine
En une génération, la profession s’est fortement féminisée : les dentistes dames occupent 58,2% des places, pour 41,8% d’hommes. Elle s’est aussi rajeunie : près de deux dentistes sur cinq ont moins de 40 ans, portant la moyenne d’âge à 47,4 ans (44,5 ans pour les femmes et 51,6 ans pour les hommes).
Étonnement, la pyramide des âges met en évidence un creux au niveau de la profession pour les 40-49 ans.
Enfin 27% des dentistes luxembourgeois ont plus de 60 ans.
Plus de la moitié des dentistes sont non-conventionnés
La faible densité de dentistes sur la province, et donc le relatif manque de concurrence, influence-t-elle le choix d’être conventionné ou non ? C’est une question à laquelle ni l’INAMI, ni les Mutualités que nous avons contactées, ne peuvent répondre. Force est de constater cependant que la majorité de dentistes exerçant en province de Luxembourg sont non conventionnés (53,3%), et 11,5% le sont partiellement.
Pour rappel, un dentiste conventionné s’engage à appliquer les tarifs officiels fixés avec l’INAMI. Chez lui, le patient ne paie que le "ticket modérateur", c'est-à-dire la part non remboursée par la mutuelle. Un dentiste non-conventionné fixe librement ses honoraires. Les suppléments d'honoraires fixés par l’INAMI sont entièrement à charge du patient.
Le dentiste partiellement conventionné respecte les tarifs INAMI aux heures et jours qu’il a fixés.
La moitié des dentistes n’acceptent plus de nouveaux patients
Autre conséquence de la faible densité sur la province, la moitié des dentistes (50,8%) n’acceptent plus de nouveaux patients. Et 14,8% en acceptent sous conditions (enfants ou familles de patients par ex.).
Un quart des dentistes vont arrêter dans les cinq ans
Conséquence de la pyramide des âges, le nombre de dentistes qui approchent de la fin de carrière est relativement élevé. Un quart des actifs (24,8%) annoncent prendre leur retraite dans les cinq prochaines années. Un sur huit arrêtera dans les deux ans.
Les dentistes avancent des pistes
Interrogés sur le pistes de solution, les dentistes avancent quelques éléments, déjà connus pour les médecins comme une aide à l'installation. Certains plaident aussi pour une suppression du numerus clausus. Pour attirer les jeunes, les praticiens suggèrent d'imposer aux étudiants la réalisation d'un stage en région rurale, voire la création d'une école de formation en soins hygiénistes bucco-dentaires.
La Province ne pourra intervenir seule
A l'origine de ce premier cadastre des dentistes, la Province de Luxembourg dispose à présent de données qui objectivent la situation. "Nous allons maintenant nous réunir avec les dentistes pour explorer ces diverses pistes", assure Stéphan De Mul, le député provincial en charge de la santé.
Des avancées peuvent voir le jour en matière d'attractivité :
"Depuis plusieurs années, une journée de rencontres et de formations se tient dans la province entre des médecins généralistes et des étudiants. Avec le recul, on se rend compte que ça porte ses fruits. Nous pourrions envisager de faire de même avec les dentistes".
Stéphan De Mul, député provincial en charge de la santé
Quant aux aides financières à l'installation, "la Province seule ne pourra pas solutionner la pratique en zone rurale. Ça doit venir de tous les niveaux de pouvoir".
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