La tradition des fleurs en papier crépon qui ornent les chars du carnaval de Florenville a reçu le titre de patrimoine immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette reconnaissance salue l'implication,  de longs mois durant, en coulisse, de dizaines de bénévoles.

C’est assurément un des plus beaux carnavals de la région. Un défilé de chars aux motifs renouvelés chaque année, revêtus de milliers de petites fleurs colorées -de 3 à 400.000 selon les éditions- confectionnées à la main, en papier crépon ! Un rendez-vous qui se prépare de long mois à l’avance…

Nous avons rendez-vous à Chameleux, hameau à la limite de la frontière avec la France. Nous y attend Nelly Lahaye. Cette toujours jeune retraitée est sans doute la première supportrice du groupe carnavalesque "Les Zébulons", mais elle est aussi et surtout une des bénévoles qui depuis des années à Florenville donne forme à ces bandes de papier crépon.

"Certaines entourent le papier autour des doigts. Moi je préfère le plier sur lui-même en accordéon", nous explique Nelly Lahaye, avant de préciser : "J'en confectionne entre 4 à 5000 par an. Uniquement pour les Zébulons, hein !"
Ces fleurs, c'est un peu son "point de croix" à elle. "D'autres font de la broderie ou du tricot. Moi, je crée des fleurs. Je commence vers octobre-novembre et j'en fais un peu chaque soir jusqu'en mars".

Certaines mains habiles sur Florenville en affichent même jusqu’à 20.000 à leur compteur. D'autres prennent alors le relais, pour les fixer une à une sur les structures métalliques des chars.
Mises bout à bout, toutes les feuilles de papier crépon couvriraient cinq terrains de football !

Ce savoir-faire de génération en génération, cette tradition ancrée localement, cet esthétique éphémère autour desquels se rassemblent tous les villages de la commune se voient aujourd’hui récompensés et reconnus au titre de chef d'œuvre immatériel de la fédération Wallonie-Bruxelles. 

"On est super heureux pour tous les gens qui participent au carnaval de Florenville, jeunes et plus âgés", confie son président David Lavigne. "Cette récompense, certes très honorifique, nous permet de montrer tout le travail de qualité".
L’ancien président et bourgmestre Jacques Gigot aurait été fier lui-aussi de cette récompense, lui qui a lancé l’idée et donné mission à l’Agence de développement local de Florenville de défendre la candidature. 

Et ce n'a pas été une mince affaire... "Il nous a fallu trois ans, avec le Covid, pour nous plonger dans les archives personnelles et de l'Etat à Arlon, compiler les preuves, récolter des marques de soutien et étayer les dossiers. Tous ce qu'on avance comme argument doit être prouvé", souligne Sandra Lavigne, agente à l'ADL.
"Dans les archives photographiques, on retrouve les premiers cortèges fleuris pour marquer la fête de l'indépendance. A l'époque, il s'agissait de fleurs naturelles, comme des genêts, par exemple. Et on pense que par la suite, lors d'autres événements festifs ou religieux, les fleurs en papier s'y sont mêlées petit-à-petit".

La reconnaissance du "corso fleuri en papier crépon de Florenville" aura, on l’espère ici, des retombées positives pour la région. Elle met un peu plus de poids pour que se perpétue la tradition.

Christophe Thiry