Publié le mercredi 15 janvier 2025 à 22:42 - Mis à jour le jeudi 16 janvier 2025 à 16:29 Wellin
Wellin va-t-elle se retirer du Geopark Unesco Famenne-Ardenne ?
Estimant ne pas avoir suffisamment de retombées sur sa commune, la majorité avait mis la fin de sa participation à l'ordre du jour du conseil communal du 22 janvier.
UPDATE : Ce jeudi après-midi, le collège a accepté de rencontrer l'asbl et reporte le point.
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La commune de Wellin mettra-t-elle un terme à sa participation au sein de l’asbl Geopark Famenne-Ardenne ? Deviendra-t-elle la première commune à quitter un des 213 Geopark reconnus au niveau mondial par l’UNESCO ?
UPDATE : La question devait être débattue lors du prochain conseil communal, fixé au 22 janvier. Ce jeudi 16 après-midi, le collège a accepté de rencontrer la direction de l'asbl et de reporter le point à une réunion de conseil ultérieure.
La démission du Geopark à l'ordre du jour
En consultant les projets de délibérations officiellement publiés en ce début de semaine, nous avons mis le doigt sur la mise au vote de la sortie de Wellin du Geopark Famenne-Ardenne, cette asbl née en 2018 du regroupant de huit communes, deux namuroises et six luxembourgeoises, ayant en commun leur sous-sol rocheux de type “Calestienne” : d’ouest en est, Beauraing, Rochefort, Wellin, Tellin, Nassogne, Marche-en-Famenne, Hotton et Durbuy.
Entre autres arguments développés, on peut lire “qu’après six années de fonctionnement (du Geopark, ndlr) le collège communal ne perçoit pas la plus-value pour le territoire communal; et ce sauf la présence supplémentaires de quelques panneaux didactiques” ; et que les propositions de collaborations faites par la Commune de Wellin, notamment la mise à disposition d’un local dans le village de Sohier, et la coopération avec les classes vertes de la FWB à Wellin, (...) n’ont donné lieu à aucune action concrète, faute de budget et de ressources humaines ; et que les missions du Geopark Famenne-Ardenne recoupent partiellement celles dévolues à d’autres organismes supra-communaux, notamment la Maison du Tourisme; et que dans un souci de rationalisation des finances publiques locales il convient de supprimer les doublons.”
Trois raisons majeures qui, aux yeux de la majorité, conduisent à la séparation.
Le bourgmestre prêt à en débattre
Au téléphone, le bourgmestre Benoît Closson enfonce d’abord le clou “nous avions déjà rencontré les responsables du Geopark dans la première moitié de la dernière législature. Nous les avons alertés de nos inquiétudes et déploré le manque de retour. Nous avons fait des propositions, mais n’avons pas vu d’évolution. D’où notre volonté de mettre au vote notre retrait de l’asbl”.
Mais le bourgmestre tempère aussitôt : “Ces dernières heures, la direction du Geopark a insisté pour nous rencontrer et pouvoir en discuter. Nous sommes pas fermés. Nous tenons notre réunion de collège ce jeudi et nous allons avoir les échevins si nous maintenons ou retirons le point de l’ordre du jour du prochain conseil”.
Mais d’insister : “Je veux bien mettre sur pause, rencontrer les responsables du Geopark, entendre l’argument de l’intérêt général, mais je souhaite surtout que Wellin et ses habitants s’y retrouvent”...
"Un départ ? Unique ou presque, à l'échelle des Geoparks"
La démission de Wellin s'apparenterait à une perte importante pour le Géoporak. En termes de crédibilité principalement.
Initié en 2014, l’asbl a officiellement vu le jour en 2018. Reconnu par l’UNESCO parmi les 213 Geopark labellisés de part le monde, le Geopark Famenne-Ardenne était jusqu’il y peu le seul reconnu en Belgique (un nouveau Geopark vient d’être officialisé en Flandre), regroupant les huit communes de la Calestienne. “Peu de régions peuvent se targuer d’être reconnues par l’Unesco. Ça prend du temps et ça n’est pas été facile”, rappelle le directeur du Geopark Famenne-Ardenne Alain Petit. “Plusieurs Geopark ont eu la chance de pouvoir s’agrandir, mais je n’en connais pas qui ont été revus à la baisse. Oui, ce serait probablement une première”, ajoute-t-il, inquiet…
Le directeur s’était évidemment empressé de prendre langue avec la commune Wellin, dès qu’il a eu vent de son intention de quitter l’asbl. “J’ai demandé à pouvoir nous expliquer. Expliquer surtout, tout ce que nous faisons, et dont les retombées ne sont peut-être pas facilement quantifiables”. Sans se défiler, l’homme reconnaît volontiers avoir trop peu communiqué auprès des communes. “Je peux comprendre qu’elles n’ont peut-être pas une vue complète de nos missions”.
Promotion, développement durable... et recherche pédagogique
Prenant comme fil conducteur son sous-sol calestien, le Geopark vise à soutenir les activités en lien avec la protection des sites géologiques, le patrimoine, la nature, la culture, le tourisme. “Nous sommes présents sur des salons à Lille, Bruxelles, Ostende… où nous valorisons toutes les communes du Geopark. En 2023, nous avons tenu notre GeoparkDay dans le village de Sohier. Nous encadrons des visites de terrains. Et récemment nous avons publié des nouveaux topoguides GR, entre autres sur Wellin”.
Avec quel impact ? Difficile à dire. Mais une étude récemment lancée par l’université d’Anvers donne le sourire au directeur : “Les premiers résultats vont au-delà de ce qu’on imaginait : il ressort que 30% des visiteurs ont conscience d'être au sein dans un Geopark. Et à peu près autant ont une idée de ce qu’est un Geopark… Nous attendons le résultats globaux, mais c’est très encourageant. Et c’est ce dont nous souhaiterions parler avec la commune de Wellin”.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, le Geopark ne se limite pas à l’aspect touristico-économique. Il est aussi pédagogique. “Nous allons régulièrement dans les écoles présenter la région, les richesses de son sous-sol. Nous menons aussi des travaux en géologie en collaboration avec les universités”.
Un subside de 1600€
S’il venait à se confirmer, le départ de Wellin s'accompagnerait d'une perte financière pour le Geopark. Mais relative.
L’asbl emploie trois personnes équivalents temps-plein. Elle est principalement soutenue par la Wallonie, à hauteur de 150.000€ via une convention cadre, et reçoit des subsides des huit communes membres, pour 47.900€, selon une clé de répartition tenant compte du nombre d’habitants, de nuitées et d’attractions touristiques.
Pour Wellin, le subside annuel s’élève à… 1600€.
Bien que difficiles à quantifier, les retombées pour Wellin ne s’avèrent-elles pas plus bénéfiques qu’un départ du Geopark ? La question sera débattue au conseil communal de ce mercredi 22 janvier.
A moins que... d'ici là, le collège n’en décide autrement.
UPDATE : Nous avons eu confirmation ce jeudi après-midi, que le collège a bien décidé de reporter le point, le temps pour les bourgmestre et échevins de rencontrer les représentants de l'asbl.