Victime d'un manque de financement, la filière laines a dû s'arrêter au grand dam de ses initiateurs et de ses utilisateurs. Lancée en 2010, la structure s'était développée au départ de la province de Luxembourg partout en Wallonie et dans la Grande Région.

C'est une triste nouvelle que les membres du conseil d'administration n'ont pas envie de commenter, tant la situation est difficile. "Nous sommes à la fois en colère, très tristes, et désolés pour tous ceux qui nous contactent, tous les jours, pour des informations, des formations, des conseils, des idées" peut-on lire sur la page FB de la Filière Laines qui vient définitivement de mettre un terme à ses activités. Cette association visait la sensibilisation, la promotion et la formation à la laine, ses produits et ses métiers.

Le matériel de la maison des laines de Redu est actuellement mis en vente pour enlèvement le 18 février prochain. L’achat des machines du Fablaines est, lui, soumis à des critères de priorité dans l'esprit de la filière. Un projet collectif wallon impliquant des éleveurs ovins a plus de chance qu'un projet individuel. Le CA analysera les propositions fin février.

Clap de fin, faute de moyens

"À la clôture du projet Interreg DEFI-laines, la gestion sans volonté de pérenniser la Filière Laines du coordinateur des années 2020 et 2021, à qui le conseil d’administration avait fait trop confiance, a laissé l’association sans moyens. Ce qui ne lui permet pas de continuer ses activités" explique un post FB de la filière Laines.

La filière laines s'est développée d'abord en province de Luxembourg grâce à l'asbl NGE 2000. L'objectif était de valoriser un produit local partant du constat que la laine de mouton était souvent jetée ou exportée en Chine. Le prix de la tonte coûtait plus cher que le prix de vente de la laine brute d'où cette idée de créer une filière localement pour valoriser le produit.

Eleveurs, artisans, créateurs et entreprises ont, au fil des ans, tissé des liens et même tout un réseau. En novembre 2018, s'ouvre même une boutique à Redu avec quelques mois plus tard un atelier partagé. Lors de l'inauguration de la maison des laines, la filière ne tenait déjà qu'à un fil au niveau financier. Le nouveau coordinateur engagé début 2020 avait deux ans pour trouver de nouvelles sources de financement afin de pérenniser la filière mais aucun financement n'a été trouvé. Conscient de ses difficultés, le conseil d'administration a organisé une journée de réflexion collective sur l'avenir de la filière en juin mais cela n'a malheureusement pas permis de sauver l'outil. Le CA a finalement dû mettre un terme à l'activité, une décision difficile mais inéluctable.

 "Après 12 ans de bons et loyaux services, lit-on sur la page FB. Après des centaines (des milliers ?) de formations, coups de main, réponses aux questions, toisons triées, accompagnements de projets, newsletters, partenariats, expositions, concours, produits créés, salons, conférences, permanences à la boutique, publications, montages de panneaux d’information, réunions, locations de machines, promotions de producteurs, mises en relation, propositions, soutiens, rêves un peu fous…La Filière laines, c’est fini. Nous avons mené à bien le grand projet Interreg DEFI-laines qui a permis un grand nombre de résultats positifs." 

La publication est commentée largement. A la tristesse, se mêlent beaucoup de remerciements et d'encouragements. La filière n'existe plus mais le réseau de relations commerciales et amicales qui s'est tissé durant ces douze années devrait lui survivre.

Christelle Collin