La résilience alimentaire au cœur d’une journée de conférences à Arlon. L’occasion d’appliquer le concept concrètement grâce au défi locavore, lancé à des étudiants de l'Henallux. Une initiative du GAL Arelerland. 

En cuisine, c'est la dernière ligne droite. Tout le monde s'active pour sortir dans les temps un menu festif. Contrainte : les produits utilisés doivent provenir d'un rayon de moins de 51 km, avec un bilan carbone de moins de 1kg 6, pour un coût total de moins de 9 euros 50 par personne. 

C’est un sacré défi car il y a énormément d’étapes à suivre avant d’arriver au  résultat final. Trouver les produits, établir une liste avec les prix, calculer les émissions de CO2 par ingrédient…”, explique Jasmine Ibahaikanova, l’une des étudiantes participantes. “Sans l’aide du traiteur, ça aurait été impossible”, ajoute Adélisa Kasic. 

Le défi de l'assaisonnement 

Pour élaborer leur menu, les étudiants ont, en effet, pu compter sur le savoir-faire du chef des ateliers du Saupont à Bertrix. Une aide précieuse, notamment sur la question de l'assaisonnement. 

Le critère le plus compliqué pour le cuisinier c’est : pas de sel”, confie Bertrand Noël, chef des ateliers du Saupont. “Logique puisque le sel, comme d’autres épices, n’est pas local. On compose donc avec des produits comme le beurre salé, le fromage et quelques herbes sauvages”. 

Mais au-delà de la cuisine, ce défi locavore constitue un véritable projet pédagogique. “Le rôle des étudiants était principalement, dans un travail préparatoire, d’identifier les producteurs, les contacter et voir les produits disponibles au moment de l'événement en déterminant s’ils répondaient aux critères imposés par le défi”, détaille Vincent Villers, enseignant à l’Henallux. “C’est très cohérent avec le cours de développement durable dans lequel ils sont inscrits. Ça rend les choses concrètes”.  

Faire parler les assiettes 

Initié par l'auteur français Stéphane Linou, c'est la première fois que le défi locavore est relevé en Belgique. Son objectif: faire réfléchir sur la résilience alimentaire de notre territoire, en faisant parler les assiettes. 

“A partir des produits qu’on a réussi à mettre dans l’assiette et ceux qu’on a pas pu y faire atterrir, on voit ce qu’on a sur le territoire et ce qui manque” développe Stéphane Linou. “On échange alors sur ce qu’on pourrait faire avec des élus, des producteurs ou encore des chargés de mission pour faire prendre conscience que alimentation et sécurité publique sont intimement liées. Si on a une rupture d’approvisionnement alimentaire, comme lors d'une prochaine pandémie, on risque de se taper dessus puisqu’on ne produit plus notre nourriture, on ne la stocke plus et on ne la cuisine plus”. 

Défi relevé haut la main à l'Henallux. Où l’on verra désormais autrement le contenu de nos assiettes.