Mardi, Guy Van Binst a assisté à sa 105e et dernière réunion de la CPE, commission provinciale d'étude. Un moment particulier pour celui gère les coulisses du football luxembourgeois depuis trente cinq ans.
Guy, cette toute dernière CPE, c'est un jour particulier...
Ma dernière après 105 commissions en effet... Trente cinq années en tout au service du football provincial, depuis 1990, quand je suis arrivé avec le fax sous le bras. C'était le début de l'ère moderne, on va dire. L'informatique, entrait à grands pas dans le monde du football aussi...
Vous n'êtes pas originaire de la province à la base, c'est ça ?
Non, non (ndlr : il est Bruxellois d'origine). Mais dès 1972, on avait une maison à Beffe, près de Rendeux. Et en 1978, j'ai rencontré mon épouse au bal à Erezée. À vrai dire, depuis ce moment là, j'ai écumé la province. Donc je suis quand même un enfant de la province de Luxmebourg.
Quel regard portez vous sur l'évolution du football depuis votre arrivée ?
Disons que moi je suis purement administratif, donc au niveau du terrain, c'est pas vraiment mon domaine de prédilection. J'ai été arbitre dans ma jeunesse dans la province de Namur. Par contre au niveau de la réglementation, évidemment, je peux dire que c'est devenu bien, bien complexe...
La question est vaste : qu'est-ce que vous retenez de ces 35 années ?
Moi, ce sont que les bons souvenirs. Les souvenirs de fête de 25ᵉ anniversaire de club par exemple. Et puis l'aspect humain des relations. Parce que je réfléchissais en venant et je me disais, dans le fond, je me suis occupé de l'arbitrage de 1995 à 2015. J'avais trois cents arbitres. Avec la CPA, on gérait en bon père de famille pour les clubs. C'est ce que je vais retenir de ces années. Et puis je tire mon chapeau bien bas pour tous ces gens qui sont responsables et qui gèrent le football, qu'ils permettent aussi aux jeunes de s'aligner, de jouer. Pour moi, c'est magnifique. Pour résumer je dirais trente cinq ans de plaisir.
Est-ce qu'il y a un certain déclin de l'intérêt pour le football au cours des trente dernières années?
Au niveau du nombre de clubs, il est clair qu'on a remarqué une différence, il y a une diminution. Mais ça reste quand même le sport numéro un. Et il évolue aussi avec la société. C'est fini le temps où le papa du gamin ou le prof de gymnastique venait donner l'entraînement. Maintenant, les entraîneurs sont formés quand même à cette tâche et ça permet aussi de garantir la qualité de la formation et ne pas laisser des enfants sur le côté.
Les CPE, c'est toujours un moment un peu spécial. Il y en a eu des plus animées que d'autres...
Oui, exactement. Je retiens notamment certaines réformes qu'on a connues ici. Déjà avec le premier comité, quand il a fallu modifier la formule de la coupe vers une forme championnat. Avant, c'était élimination directe, c'était pas simple... Je suis arrivé avec ce projet là sous le bras. Il y a aussi eu les transactions à faire avaler. Chaque cas, chaque rapport, chaque carte rouge. Le joueur cadet, minime ou première était convoqué d'office le samedi à Arlon. Ils avaient cinq minutes par cas, avec douze membres du CP devant soi. Un gros tribunal en somme.
La composition des séries, ça n'a pas toujours été simple non plus. Surtout cette année...
C'est pour ça qu'on avait un CP qui avait douze membres. Il y avait trois zones, donc quatre membres par région. Ils connaissaient leurs zones et les séries se faisaient sur une carte à la main levée en tenant compte des desiderata des clubs. Bon, l'an passé, on nous a dit « c'est fini ». Il y a des clubs qui ont réclamé. Si ils n'avaient pas réclamé, on aurait continué comme avant. Mais ici, bon, il y a eu ce problème là et du coup c'est l'ordinateur qui fait les séries... Voilà, c'est ça, le monde moderne, ça sera comme ça par la suite. Je crois que notre nouveau président voudrait bien rester à l'ancien système qui permettait de faire du travail de dentellière, de tenir compte de tous les éléments, mais s'il y a un club qui ne l'accepte pas, on sera bien obligé, forcé d'arrêter.
Il y a aussi chaque hiver les débats autour des remises. Est ce que ça a changé entre 1990 et aujourd'hui ?
Je pense qu'on remet plus vite que dans le temps. Pour moi, c'est un peu une évidence.
Pourquoi ?
Parce qu'il y a plus de moyens de communication et que les informations peuvent revenir plus vite. Des critiques ou des choses comme ça. Et donc on est obligé d'en tenir compte plus qu'avant quand on décidait à trois. Là, c'était remise ou pas, point.
Les personnes qui composent le monde du foot sont unanimes, vous avez toujours été très disponible...
Toutes les personnes que j'ai rencontrées ou qui me contactent à chaque fois, elles ont un problème et à chaque fois j'apporte une solution. C'est rare, très rare que je ne trouve pas de solution. Et quand je ne trouve pas la solution, et bien la personne sait pourquoi. J'ai toujours bien expliqué le comment du pourquoi sans vouloir imposer quoi que ce soit.
C'est quoi la suite pour vous ?
La suite ? C'est de pour pouvoir rester un peu plus près de mon épouse, à qui je dois beaucoup dans mon travail évidemment, parce que grâce à elle, j'ai pu faire ça tranquillement et l'esprit serein. En plus, comme elle était un peu dans le domaine pendant 30 ans, j'avais de bons conseils auprès d'elle. En tout cas maintenant, je vais lui rendre ce que je lui dois.
Avec toujours un œil sur le foot luxembourgeois je suppose ?
Je vais voir s'il y a pas eu peu de place pour moi quelque part pour pouvoir encore être utile... Parce que c'est important, quand on est mordu. Je peux rendre aux gens ce qu'ils m'ont donné.
Et demain, qui vous remplacera ?
La formule choisie par l'ACFF, c'est un référent pour la province basé à la fédération. Il n'y aura plus de secrétaire provincial. Il y aura un directeur pour la Wallonie, la francophonie, et puis il y aura un employé dédié à la province qui viendra tenir une réunion, et qui aura les contacts privilégiés avec notre président.