Ils sont Luxembourgeois et candidats aux élections européennes. Alors que la campagne touche à sa fin, nous avons retenu un représentant par parti et interrogé Simon Defat (MR), Olivier Weyrich (PS),  Christiane Collinet  (Les Engagés), et Adrien Blauen (Ecolo). 

A quelques jours du scrutin européen, nous avons interrogé :

  • Simon Defat (MR) : 3ème suppléant,  conseiller communal à Neufchâteau
  • Olivier Weyrich (PS) : 7ème effectif, éditeur et ancien échevin à Neufchâteau,
  • Christiane Collinet (Les Engagés) : 3ème effective, agricultrice et conseillère communale à La Roche-en-Ardenne
  • Adrien Blauen (Ecolo) : 5ème suppléant, se présente pour la première fois, agriculteur à Hondelange (Messancy)
    Pour être complet, rappelons qu’un cinquième candidat luxembourgeois se présente sur les listes européennes, en la personne de Josy Arens, député-bourgmestre d’Attert, 6ème suppléant pour Les Engagés. Par souci d’équilibre, nous avons retenu un candidat par liste.

La campagne touche à sa fin. Qu’en retenez-vous ?

Simon Defat (MR) : “C’est une belle expérience humaine. Mais que de kilomètres parcourus ! Mon garagiste m’a envoyé un message sympa en me promettant une réduction sur les prochains pneus (rires) !”.

Christiane Collinet (Les Engagés)  : “J’ai essentiellement fait campagne dans la province. Nous venons d’ailleurs de passer ce mardi toute une journée tous ensemble en Luxembourg, chez MJPack à Lavacherie, puis au Terminal Conteneurs d’Athus, où nous avons eu des échanges instructifs avec des responsables grands-ducaux et Idélux”.

Simon Defat (MR) : "C’est une occasion rare de se confronter, personnellement et notre programme, aux citoyens dans des régions que l’on connaît moins. De se rendre compte des écarts entre les réalités, de comprendre le terrain, de voir comme l’accueil des candidats PTB par le public, par exemple, est aux antipodes selon que l’on débat à Ath ou en province de Luxembourg…” 

Olivier Weyrich (PS) : “Faire campagne pour les élections européennes implique de nombreux déplacements partout jusqu’à Bruxelles, même si on m’a demandé de privilégier ma présence sur le Luxembourg. J’y ai pris du plaisir et nous avons eu une très bonne collaboration avec les candidats socialistes de ma génération : Nathalie Heyard, Stéphan De Mul, Philippe Courard… ”

Comment devient-on candidat à l’Europe ?

Christiane Collinet (Les Engagés)  : "J’avais déjà connu une première expérience comme candidate à l’Europe en 2014. Cette année, ce sont des ténors de la province qui ont proposé ma candidature pour porter la voix du Luxembourgeois et du monde agricole dans la campagne... électorale."

Adrien Blauen (Ecolo): "C’est Jean-Philippe Florent qui est venu me chercher. Jusque là, je n’avais pas aucune expérience, n’étais pas proche d’un parti en particulier. Mais nous nous sommes connus et rapprochés sur la défense des terres agricoles contre le projet d’extension de zoning à Hondelange. Il avait défendu notre position au parlement wallon".

Simon Defat (MR) :Ma candidature a été proposée par Benoît Piedboeuf et Willy Borsus. J’ai pris cela comme un beau challenge. Je dois avouer que j’ai accepté, avant même d’en parler en famille.”

Olivier Weyrich (PS) : “J’ai reçu directement un appel de Paul Magnette. Mon nom lui avait été suggéré par le ministre Pierre-Yves Dermagne, que je connais bien depuis l’époque où il était chef de cabinet de Philippe Courard quand il était ministre. Avec Paul, nous avons fait connaissance lors du premier congrès. En tant que Ministre Président de la Wallonie, Elio Di Rupo a un agenda très chargé, évidement."

Votre tête de liste ? Qu’en diriez-vous ? 

Adrien Blauen (Ecolo) : "Je ne connaissais aucun autre candidat de la liste quand je me suis embarqué. Aujourd’hui je peux dire avoir rencontré, en Saskia Briquemont la tête de liste, une personne profondément convaincue et sincèrement intègre."

Christiane Collinet (Les Engagés)  : "Je ne connaissais pas Yvan (Verougstraeten, ndlr). Quand il est venu la première fois à la maison pour faire connaissance et parler des enjeux pour l’agriculture,  je lui ai dit “Attends, je vais d’abord te dire tout ce qui ne va pas au niveau européen… Depuis, je l'ai souvent au téléphone pour parler agriculture. Nous ne sommes pas du même milieu et n’avions pas le même regard. Mais il connaît bien ses dossiers et les travaille en profondeur. Yvan se montre très à l’écoute et compte bien rester en contact avec nous “après les élections ce n’est pas fini”, pour reprendre ses mots."

Simon Defat (MR) : “Sophie Wilmes est une personne non seulement attachante, mais vraiment inspirante. C’est fou la cote de popularité qu'elle draine. Partout les gens viennent l’aborder, lui demander des autographes, même Vincent Magnus n’a pas résisté (le bourgmestre d’Arlon “Les Engagés”, ndlr).

Olivier Weyrich (PS) : “Ancien député européen, Elio Di Rupo connaît bien le parlement et maîtrise les rouages des institutions européennes. Je sais que beaucoup de personnes imaginent qu’il se présente là pour terminer sa carrière, mais selon moi, il peut y apporter toute son expérience”.

Faire campagne pour l’Europe, facile ? 

Simon Defat (MR) : “Faire campagne pour l'Europe aux côtés de Sophie, il faut le dire, c’est agréable.”

Christiane Collinet (Les Engagés)  : "Moi je trouve que ce n’est pas nécessairement facile de faire campagne pour les Européennes. J’ai le sentiment que nous sommes un peu les oubliés des médias, de TV Lux aussi. Il faut reconnaître qu’on accorde plus d’importance aux élections fédérales et régionales. Je suis  étonnée aussi et très attristée de voir comme certains citoyens se disent dégoûtés et ne veulent pas aller voter. Heureusement, à l’inverse, je rencontre aussi des personnes qui viennent spontanément à ma rencontre, pour me féliciter et m’encourager. ".

Olivier Weyrich (PS)“Ce qui me frappe, c’est que les gens commencent seulement, depuis une dizaine de jours, à vouloir parler d’Europe. Comme si, en plus du contexte “climat, guerre, crise, météo pourrie”, ils rejettaient, en plus, la politique. Mais depuis une dizaine de jours, ça s'accélère, les gens viennent vers nous pour parler enjeux, programmes.”

Pourquoi l'Europe ?

Adrien Blauen (Ecolo) : "En tant que candidat Ecolo aux Européennes, je constate toute l’importance de faire de la pédagogie et  de communiquer davantage. On voit bien que tous les partis font “dans l’environnement”, mais il est important de rappeler que lorsque ces autres partis doivent trancher, ils reviennent tous à leurs lignes directrices et mettent au second plan les enjeux environnementaux. Chez Ecolo, notre priorité, c’est l’environnement."

Christiane Collinet (Les Engagés) : "Il faut plus d’Europe. L’Europe c’est trois-quart des décisions qui ont une implication au niveau local. Et si je reste persuadée qu’il faut plus d’Europe, et se rassembler, il faut aussi de la cohérence dans les décisions et faire en sorte que les règles soient viables."

Simon Defat (MR) : “Je suis convaincu qu’il nous faut "plus d’Europe", et "mieux d’Europe". Il faut réindustrialiser les pays européens, vendre du Made in Europe, assurer notre indépendance énergique, rapatrier la fabrications des médicaments, renforcer notre défense commune. Il faut aussi "mieux d’Europe", pour stopper la bureaucratie, et prendre le temps de digérer les réglementations mises en place avant d’aller plus loin. Soyons plus pragmatiques.”

Olivier Weyrich (PS) : “Je regrette que les élections européennes tombent en même temps que les scrutins fédéral et régionaux. Elles mériteraient un vrai débat et toute l’attention tant l’Europe joue un rôle important pour ses citoyens, avec des thématiques larges et complexes, comme l’agriculture, l’asile et la migration, le changement climatique. On ne le répète pas suffisamment mais grâce à l’Europe, on vit en paix, on partage une même monnaie, on traverse les frontières comme on veut"

Une anecdote de campagne ?

Christiane Collinet (Les Engagés)  : "Une anecdote ? Le coup de fil d’un habitant de la région liégeoise pour me dire qu’il allait me soutenir et apposer mes affiches. Il m’a expliqué que ses grands-parents étaient originaires de Mierchamps, mon village, et qu’ils avaient échappé à des représailles de l’occupant grâce à la solidarité des villageois. Sa mère venait d'ailleurs se recueillir tous les ans sur la tombe de ses grands-parents."

Olivier Weyrich (PS) : “J’en ris avec elle, mais ma maman me dit qu’elle n’arrête pas de recevoir des appels de personnes qui lui disent vouloir soutenir ma candidature. Elle n’en avait jamais reçu autant avant, et pourtant j’en ai déjà fait des campagnes… (rires)”

Simon Defat (MR) : “Moi je retiens un moment émouvant. Lorsqu’un habitant de Virton est venu à la rencontre de Sophie Wilmes lui offrir une photo où on le voit lui aux côtés du papa de Sophie. Elle ne l’avait jamais vue avant. C’était un chouette moment. Elle est attachée à la province de Luxembourg.”