Santé

Deux fois moins de boues de centrales d'épuration sur les terres agricoles

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 Publié le vendredi 15 novembre 2024 à 20:39 - Mis à jour le vendredi 15 novembre 2024 à 21:02    Marche-en-Famenne - Province

Il y a des P-Fas dans les boues des stations d'épuration wallonnes. Par précaution, Yves Coppieters divise par deux les quantités de ces boues épandables sur certaines terres agricoles. Mais dans le secteur, comme chez Idélux Eau, on se demande quoi faire du reste ?


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A la station d'épuration de Marche-en-Famenne, la deuxième en capacité de Idélux Eau, on traite les eaux usées de 30.000 équivalent habitants. Un processus complexe qui in fine produit 600 tonnes de boues par an, dont 80% étaient jusqu'ici valorisée en agriculture. "Jusqu'ici" car le ministre wallon en charge de la Santé, Yves Coppieters, vient de décider de réduire par deux la quantité de boues de station d'épuration que l'on peut épandre sur les terres agricoles. Une étude a récemment prouvé que ces boues des stations d'épuration wallonnes contiennent des P-Fas, ces polluants dits "éternels".

Si le ministre de la Santé a réduit de moitié les quantités épandables, c'est en vertu du principe de précaution. Mais pour les producteurs de ces boues, la chaine d'évacuation se bloque à moitié au moins, car on craint aussi que l'image de ces boues soit durablement altérée.

Pas sur toutes les cultures, loin de là

Ces boues ne sont pas autorisées en épandages sur des prairies ni sur des cultures directement consommées par l'homme. Mais on peut les utiliser, par exemple, sur du maïs destiné aux animaux. Voici une carte des épandages de ces produits sur le sol wallon. La division par deux des quantités autorisées fait craindre au secteur un blocage des débouchés. On peut envisager d'utiliser ces résidus en cimenteries, comme combustibles, mais la matière devrait alors passer de 20% de matière sèche à 90% de matière sèche, ce qui représente un coût énergétique considérable.

Une possibilité existe à Tenneville où Idélux Assainissement possède un séchoir à boues dont l'énergie est produite par la décomposition contrôlée des déchets organiques. Mais l'installation de Tenneville tourne déjà au trois quart de sa capacité théorique maximale. Elle ne pourra pas assimiler toutes les boues produite en province de Luxembourg. On pourrait imaginer des normes moins restrictives pour les boues moins contaminées mais ça ne ferait que reporter le problème : étant par nature quasiment indestructibles, ces P-Fas ne feront que s'accumuler dans l'environnement.

Des P-Fas liés à nos usages domestiques

"Les P-Fas s'accumulent dans les sols. Les P-Fas s'accumulent dans nos organismes, puisque, malheureusement, nous les éliminons très mal. Donc c'est un problème de source de ces P-Fas qui sont liés à notre consommation. Qui sont liés à toute une série de pesticides qui utilisent des P-Fas, pas tous mais certains. Et puis c'est aussi lié à notre consommation dans notre usage domestique puisque les boues dans ces stations d'épuration sont bien liées à nos usages domestiques. C'est-à-dire certains produits d'entretien et cosmétiques ou encore toute une série de substances qui utilisent ces P-Fas. Donc, l'objet, c'est de diminuer la production de ces P-Fas ; mais ça, ça ne dépend pas de nous, la Région Wallonne, ça dépend du Fédéral, et bien-sûr c'est beaucoup plus macro(-économique, ndlr) c'est une problématique européenne.", Yves Coppieters, ministre wallon en charge de la Santé

Et de puissants lobbies se battent pour maintenir l'usage de ces polluants éternels. Le citoyen, lui, risque de payer au moins deux fois la facture.