L'ASBL Soleil du coeur à Gomery (Virton) s'agrandit. L'association accueille des hommes en difficulté de logement et inaugure ce vendredi trois nouvelles places en autonomie. Un projet important au vue de la demande grandissante, mais qui se concrétise dans un climat d'incertitude pour le secteur de l'aide aux sans-abris.

C’est dans le bâtiment de l’ancienne maison médicale de Gomery, dans la commune de Virton, que des bénéficiaires de l’asbl Soleil du cœur trouveront d’ici quelques jours leur nouveau foyer. Baptisé “CAP”, ce projet permet à l’association d'offrir une solution intermédiaire aux personnes en difficulté de logement. Un essai avant qu’ils ne retrouvent une autonomie totale. 

“C’est une colocation de trois personnes qui s’adresse à des personnes passées par le côté maison d’accueil mais qui ont aujourd’hui une stabilité financière et administrative”, explique Mathieu Lefort, directeur du Soleil du coeur. “Ici, ils auront la possibilité de rester dans un hébergement, toujours soutenus par une équipe, mais avec davantage d’autonomie. Et cela, pour une durée maximale de 6 mois”. 

 Grâce à ce nouvel espace, le Soleil du cœur peut désormais accueillir 17 hommes sans logement. Mais ce projet se concrétise dans un contexte incertain pour le secteur de l'aide aux sans-abris. Des engagements financiers lui sont garantis par le nouveau Gouvernement wallon MR-Engagés jusqu’à fin de l'année 2024. Passé ce délai, les associations devront montrer l'impact de leurs actions sur le terrain. 

“Cela amènera-t-il des pertes d’emploi et de subsides?” se questionne Mathieu Lefort. “C’est une inquiétude à moyen terme déjà pour 2025-2026. On sait déjà que les nouvelles places créées en 2025 ne seront pas subventionnées, il va falloir trouver des solutions”. 

La demande n'a jamais été aussi élevée

Ces incertitudes surviennent alors que la demande n'a jamais été aussi élevée. Le Soleil du cœur a déjà atteint au 1er novembre les chiffres d'une année complète de fonctionnement. Parmi les 48 hommes hébergés ici cette année : Wilfried et Michaël.

“Quand je suis arrivé ici, je n’étais vraiment pas bien physiquement et mentalement” témoigne Wilfried. “Petit à petit, j’ai repris confiance en moi, j’ai même retrouvé du travail”. 

“Cela fait un mois et demi que je suis arrivé”, confie pour sa part Michaël. “Cela m’a permis de me reconstruire, de repartir à zéro administrativement et moralement. Cela peut arriver à n’importe qui et ces structures sont importantes, peu importe la province où l’on se trouve”. 

Au soleil du cœur, une garantie du subventionnement est cruciale pour faire face à la demande et mener à bien de nouveaux projets. Dans une autre ancienne maison gaumaise de la rue des martyrs, quatre logements pour familles à faibles revenus doivent encore voir le jour en 2025.

Pauline Martial