Depuis 20 ans, le service Sports de la Province de Luxembourg évalue le niveau sportif des jeunes élèves de 5e et 6e primaire. Les derniers résultats des tests viennent d'être analysés, et s'ils ne sont pas catastrophiques, ils ne sont pas non plus fameux

La campagne "En sport aussi, une ardeur d'avance" prônée par la Province de Luxembourg ces dernières années ne porte pas vraiment bien son nom. Car depuis deux décennies, la condition physique des élèves de 5e et 6e primaire dans la province de Luxembourg connaît une évolution inquiétante. On parle d'un léger déclin, les performances de nos jeunes sont donc moins bonnes qu'il y a une vingtaine d'années. Ce constat, étayé par des tests effectués chaque année sur un échantillon d'environ 5 000 élèves dans plus de 200 établissements scolaires, met en évidence une diminution des capacités en force, endurance ou encore souplesse. 

"On constate un léger déclin des performances, en effet ! Exemples : lors du test de Cooper, qui consiste à courir pendant 12 minutes, la distance parcourue a diminué par rapport à 2004. Idem pour un sprint de 20 m : ils vont moins vite. Et la souplesse ? Ils allaient plus loin en 2004." – Amélie Brau.

Un phénomène préoccupant qui ne se limite pas à l’enseignement primaire : les enseignants du secondaire partagent également ce constat.

"Le niveau entre ceux qui pratique une activité physique ou sportive régulièrement et ceux qui n'en font pas est de plus en plus important. Il n'est pas rare de voir des élèves s'arrêter de courir après quelques mètres d'effort", Florian Laroche

Développer les infrastructures sportives dans la Province

L’évolution du mode de vie des enfants constitue l’un des facteurs majeurs de cette détérioration. La sédentarité s’est considérablement accrue ces dernières années, notamment avec l’essor des écrans et la réduction du temps consacré aux activités physiques spontanées. De moins en moins d’enfants jouent dehors après l’école, préférant les loisirs numériques aux jeux actifs. Par ailleurs, le développement des transports motorisés réduit le temps de marche quotidien, diminuant ainsi les opportunités naturelles de mouvement. Développer les infrastructures et les rendre plus accessibles, c'est un des points que la Ministre de l'enseignement, Valerie Glatigny, a abordé ce jeudi soir lors d'une conférence à Libramont (NDLR: dans les locaux de la HERS). Une conférence qui a rassemblé une cinquantaine d'acteurs du monde de l'enseignement et sportif.

 "On peut mieux faire. On doit augmenter les heures en éducation physique à l'école et aussi renforcer les synergies entre les infrastructure sportives et les écoles. Par exemple? La distance à parcourir dans notre Province est importante dans certains cas. Si on veut aller à la piscine, il faut parcourir de nombreux kilomètres. Il faut augmenter les offres", Valérie Glatigny 

Conscientes de cet enjeu, les autorités ont décidé d'agir. Cette année, elles ont augmenté le volume horaire du sport en 5e primaire, passant de 2 à 3 heures/semaine, une mesure qui sera étendue aux 6e l’année prochaine. Une initiative bienvenue, mais qui pourrait ne pas suffire à inverser la tendance.

A la maison, les parents doivent inciter leurs enfants à l'exercice régulier d'une activité physique

Car d’autres mesures doivent être envisagées pour enrayer ce déclin. Il serait pertinent d’encourager la pratique sportive en dehors du cadre scolaire en multipliant les partenariats avec les clubs sportifs locaux et en valorisant les bienfaits du sport dès le plus jeune âge. L'OMS (Organisation Mondiale de la santé) prône une activité physique (ou sportive) journalière d'au moins 60 minutes. Le rôle des parents est donc primordial après l'école. La sensibilisation à une hygiène de vie équilibrée, incluant une alimentation saine et un sommeil de qualité, doit aussi accompagner ces mesures pour une approche globale du bien-être des enfants. Il y a encore du chemin à faire pour remonter la pente....

Laurent Trotta