Publié le jeudi 26 septembre 2024 à 10:33 - Mis à jour le jeudi 26 septembre 2024 à 12:58 Virton
Le Musée Gaumais à Virton a reçu la visite de scientifiques pour faire des prélèvements ADN sur le dernier loup de Gaume, exposé dans le Musée. Ces tests permettront - ils l’espèrent - de mieux comprendre le retour du loup aujourd’hui.
Chassé de nos régions à la fin du 19ème siècle, le loup est de retour en Wallonie depuis 2016. Un projet de recherche de l'Université de Namur, financé par une bourse du FNRS, s'intéresse à l'histoire du loup aux 18ème et 19ème. "Nous étudions où et comment vivait le loup en Wallonie il y a 200 ans, pourquoi et comment il a disparu, afin d'apporter des réponses aux éthologues qui encadrent le retour du loup aujourd'hui", explique Julie Duchêne, la doctorante.
Des analyses ADN réalisées sur des loups empaillés à Marche et à Virton
Pour y parvenir, des analyses ADN sont réalisées sur les loups empaillés disponibles dans quelques institutions culturelles en Wallonie, dont le Famenne & Art Museum à Marche et au Musée Gaumais à Virton. Scalpel à la main, Thibaut Bournonville, chargé de projet chez E-Biom, une spin-off de l'UNamur spécialisée dans la détection génétiques des espèces, cherche à prélever de l'ADN du plus vieux loup de Gaume. "L'enjeu est de ne pas abîmer l'animal, donc je choisis des zones où ça ne se verra pas. Je prélève des tout petits fragments que je vais amplifier en laboratoire pour avoir un échantillon représentatif."
Objet de collection précieux du Musée Gaumais, ce loup est considéré comme le dernier loup de Gaume. Si on sait que les loups ont été chassés de nos régions à la fin du 19ème siècle, on en connaît assez peu sur cet individu. "Parce que finalement il n'a jamais été analysé, rappelle Héloïse Smets, la conservatrice du Musée Gaumais. Ici on le connait surtout par une tradition orale qu'on est ravis de pouvoir perpétuer au musée, mais on va pouvoir confronter cette tradition à la vérité. C'est une véritable enquête dans le passé.. il y a un certain suspens pour nous aujourd'hui et on sera ravi des résultats peu importe les réponses qu'ils vont apporter."
Au-delà des informations historiques que les tests ADN devraient révéler, ils pourraient aussi apporter des réponses aux éthologues qui encadrent le retour du loup en Wallonie aujourd’hui. "On voudrait savoir si les loups qui étaient en Belgique au 19ème siècle venaient plutôt d'Italie, d'Allemagne ou d'ailleurs, explique Thibaut Bournonville, et pouvoir retracer, grâce à l'ADN mitochondrial, de quelles populations il venait et comparer ces résultats avec les tests ADN de ceux qui sont de retour en Belgique."
"L'idée est de dépassionner le débat, prendre du recul et contribuer à des pistes de solutions durables, à la fois en faveur des écosystèmes et respectueuses des préoccupations des populations, poursuit Isabelle Parmentier, promotrice de la thèse. Apporter des données historiques et paléogénétiques sur le loup dans nos régions, c'est apporter des connaissances indispensables à celles et ceux qui encadrent aujourd'hui son retour en Wallonie.
Une nouvelle expo fin 2025
Les résultats seront aussi utilisés dans une nouvelle exposition du Musée Gaumais dès l’automne 2025. "Une expo qui sera adaptée au contexte gaumais, précise Héloïse Smets, pour poser des questions telles que : qui est-il ?, d'où vient-il ?, quelle image véhicule-t-il encore aujourd'hui ? et faut-il en avoir peur ou pas ? Évidemment l'ADN ne va pas nous renseigner sur l'image du loup, mais nous allons mener un travail de recherche parallèle sur les sources, les traditions orales de la région et la toponymie pour voir comment l'image du loup a été véhiculée en Gaume et comment on peut rattacher ça à la tradition littéraire ou théâtrale qui a été donnée à l'image du loup."
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