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Quel avenir pour nos scieries victimes des exportations en Chine ?

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 Publié le jeudi 25 novembre 2021 à 11:45 - Mis à jour le jeudi 25 novembre 2021 à 14:44    Province

Les scieries belges font partie des victimes des pénuries de bois ronds feuillus.  Ce type de bois est exporté essentiellement vers la Chine.  La scierie Mahy, située à Chanly (Wellin) subit de plein fouet les conséquences de cette situation.  Elle va devoir fermer ses portes dans quelques années.


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Michel Mahy,  propriétaire d'une scierie à Chanly (Wellin) depuis 43 ans est très inquiet.  La scierie fermera dans quelques années et il refuse que son fils prenne la relève. Le problème la pénurie de bois feuillus, essentiellement du chêne.  Cette essence est en effet de plus en plus exporté vers la Chine, sans transformation locale.  Résultat : manque de matériaux, flambée des prix et pertes d'emploi. 

Il ne reste d'ailleurs plus que 17 scieries en Province de luxembourg travaillant avec ce type de bois.  Soit trois fois moins que voilà trente ans. Michel Mahy explique : " on ne sait plus acheter c'est bien simple.  J'ai estimé 100 lots depuis le mois de septembre.  J'ai obtenu seulement 4 petits lots.  Par ailleurs, j'ai lu le compte rendu de l'office wallon du bois et ils signalent que 95 % des grumes vendues depuis septembre sont parties à l'exportation.  Donc il ne reste que 5 % achetés par les gens qui travaillent ici".

D'ailleurs, selon une enquête de 2020, les scieries de bois dur belges ne fonctionneraient plus qu'à 65 % de leur capacité maximale .  François De Meersman, secrétaire général de la Confédération belge du bois de préciser : " La situation s'est encore empirée en 2021 vu les difficultés encore plus importantes en approvisionnement.  Voilà 10 ans en Belgique, on transformait 400 000 mètres cubes de bois feuillus.  Aujourd'hui, c'est seulement 217 000 mètres cubes".  

Comment pallier le problème ? 

Dès 2014, le gouvernement s'est inquiété du problème et a mis en place un système de vente de gré à gré.  François De Meersman d'ajouter : " 'il permet aux propriétaires de vendre 15 % de leur ressources en feuillu directement aux transformateurs locaux .  Ces derniers peuvent s'approvisionner de la sorte à raison de maximum 30 % de leur approvisionnement global.  Cela ne suffit pas mais c'est pour les soulager un peu dans cette période difficile.  Malheureusement , on remarque qu'on ne vend que 5 % de feuillus de cette manière là.  Alors, c'est vraiment important qu'il y ait une demande des pouvoirs publiques (région wallonne, communes)  d' augmentation des ventes de gré à gré afin de  soutenir l'économie locale".  

Daverdisse : un bon exemple

La commune de Daverdisse fait partie des quelques communes proactives en Province de Luxembourg en matière de vente de gré à gré, à l'instar de de Libin ou encore Wellin par exemple.  Selon Maxime Léonet, bourgmestre de Davedisse : " quand on a appris l'existence du système de gré à gré, on a une discussion en collège et on était vraiment intéressés pour défendre l'emploi local et nos ressources forestières.  Il est vrai aussi qu'on a cette chance d'avoir 2000 hectares de forêt feuillus et cela nous permet de mettre 600 à 700 mètres cubes en vente.  On continuera car le système fonctionne bien.  Et d'ajouter : "Je conseille à mes collègues de bien faire des lots d'une certaine circonférence et d'une certaine qualité quand ils mettent des lots sur le marché car si c'est du bois de chauffage par exemple, ça n'intéresse pas les scieurs."

Un label européen ? 

A la Confédération belge du bois, on tente de penser à d'autres options au cas où le système de vente de gré à gré viendrait à faillir.  Thierry De Meersman  propose alors la création d'un système de vente avec un label européen obligeant l'acheteur à transformer le produit en Europe. La solution pour éviter la disparition de nos scieurs ? 

 


Nadine Urbain