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Pellets plus chers que le mazout : du jamais vu !

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 Publié le jeudi 29 septembre 2022 à 15:50 - Mis à jour le jeudi 29 septembre 2022 à 16:40    Musson - Virton

Jusqu'il y a encore six mois, se chauffer aux pellets était considéré comme une alternative durable, locale et moins couteuse que le gaz ou le mazout. Depuis lors, la matière première s'est raréfiée, tandis que la demande a explosé, entraînant une flambée des prix que personne n'avait imaginé. 


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Sur la table de ce patron de société de distribution de combustibles  : deux factures, relatives à un même volume de pellets, quatre tonnes, vendu à douze mois d'intervalle. Entre les deux, une augmentation de 1000  à 2500 euros aujourd’hui. Deux fois et demi plus cher ! "C'est du jamais vu", reconnait Michel Petit. "Je ne pensais jamais arriver un jour à des prix aussi haut. Jamais."
Installé à Baranzy (Musson), Michel Petit s’est lancé en 2007 dans la livraison de pellets en vrac. Un combustible renouvelable, local, moins cher et réputé plus stable que le mazout. Jusqu’à aujourd’hui. "En 2013-2014, le pellet était presque au même prix que le mazout, mais c'était le mazout qui était descendu. Aujourd'hui c'est tout qui augmente, et ces dernières semaines le pellet plus que la mazout. C'est énorme."

Combien de temps la situation va-t-elle durer ? Même les producteurs de pellets se gardent bien de tout pronostic. Chez François à Virton, producteur de la marque Badger, on avance plusieurs raisons à cette flambée des prix. "Une raison interne, tout d'abord" explique Ulrich François, administrateur délégué. "Au printemps dernier, nous avons décidé d'augmenter d'1€/h l'ensemble du personnel. Une manière de saluer leur travail, surtout après la crise Covid. Mais cela pèse près d'un million par an". A cela, il faut ajouter des coûts de fabrication plus importants : "Il y a eu un augmentation sur les bois "B" issus des déchetteries. Ces résidus servent de combustibles pour la cogénération "chaleur-électricité" nécessaire à la fabrication des pellets." Et puis il y la flambée des prix sur les sciures... Car même si son activité "palettes", son activité principale,  poursuit sa pleine croissance, le groupe François doit aller puiser ¾ de ses besoins en sciure, à 250km à la ronde. "La sciure a fait... fois huit en quelques mois !" constate Ulrich François, qui avance plusieurs éléments : " La guerre en Ukraine, le gel des importations de bois russe et biélorusse, le ralentissement des échanges depuis le Canada consécutif à la réouverture post-covid des frontières avec les USA, auquel s’ajoute, surtout, le ralentissement généralisé de l’activité dans les scieries en Europe."
Autant d’éléments qui ont pesé sur les volumes et sur les prix du bois et de la sciure. 

A cela est venu se greffer un phénomène de panique de la part de la clientèle, "l'effet papier toilette durant le premier confinement", qui s’est empressée de passer les commandes hivernales, plus tôt que d’habitude et dans des quantités plus importantes, créant un effet de pénurie.
Face à la demande en hausse, Michel Petit et le groupe François ont convenu de privilégier la clientèle historique, ainsi que les personnes ayant récemment investi dans une installation biomasse. "A nos clients fidèles, nous pouvons garantir les volumes pris l'an passé. Aux personnes qui ne se souciaient pas de la provenance des pellets et qui se fournissaient au moins cher, dans des grandes surfaces qui cassaient le marché... nous refusons les livraisons", admet Michel Petit. "Nous n'avons pas le choix, par respect pour notre clientèle".

Producteur et distributeur espèrent que le marché retrouvera une forme de stabilité au premier trimestre 2023. D’ici là le groupe François poursuivra ses investissements sur le site de Virton : plus de cent millions d'euros, pour augmenter les lignes de fabrication des palettes, pour améliorer le rendement de sa cogénération et pour revoir à la hausse ses volumes de production de pellets. 


Christophe Thiry





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