Patrimoine

Le tabac de la Semois reconnu mais la fabrication n'est pas sauvée pour autant

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 Publié le mercredi 22 janvier 2025 à 13:00 - Mis à jour le mercredi 22 janvier 2025 à 13:04    Bouillon

 Les savoir-faire liés à la culture du tabac de la Semois viennent d'être reconnus comme éléments emblématiques du patrimoine culturel immatériel  de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un bonne nouvelle pour les passionnés mais néanmoins leur survie est toujours en péril, faute d'un cadre législatif adapté à leur petite structure. 

Ce mardi, c'était jour de torréfaction chez Vincent Manil à Corbion. Pour ce fabriquant de tabac de la Semois, cette reconnaissance est une bonne nouvelle dans un contexte très difficile. 

"On ne sait pas encore ce que cette reconnaissance va permettre mais c'est déjà bien de reconnaître   la vallée de la Semois était une terre à tabac, que ça a fait la fortune de beaucoup, qu'il y a eu jusqu'à 60 fabricants... Maintenant, ça devient vraiment compliqué", commente Vincent Manil, fabricant de tabac

 Considéré comme fabriquant de tabac au même titre que les grands industriels internationaux, ces artisans doivent respecter les mêmes réglementations et ce n'est pas tenable. "Pour un petit paquet de tabac, c'est 80% de taxes mais en plus maintenant, il y a le track and trace, tout doit être suivi de manière informatique. C'est compliqué d'acheter tous les appareils. Donc, on est à une limite, on ne sait pas si on peut continuer. On est dans l'expectative et c'est vraiment désagréable" poursuit le  fabricant dont le fils était censé reprendre la production, mais tout est en suspens.

 Une rue plus loin, la maison de Jean-Paul Couvert incarne une tradition familiale depuis 1912. Ce fils et petits-fils de fabricant de tabac jette l'éponge. Il a décidé de prendre sa retraite. 

 C'est bien que le tabac soit mis à l'honneur mais malheureusement des lois européennes un peu draconiennesfont qu'on est trop petit pour pouvoir perdurer. Jean-Paul Couvert 

Des contraintes administratives, un comptabilité européenne, des emballages imposés ainsi qu'un lieu de vente aseptisé avec des produits dans une armoire fermée qui devront être scannes, voilà ce qui a amené Jean-Paul Couvert à fermer boutique. "C'est dommage" souffle-t-il. Le tabac artisanal a fait vivre plus de 800 familles à une certaine époque. La boutique de Jean-Paul Couvert est encore ouverte mais plus pour longtemps. "Jusque fin mars et après, tout devra disparaître, on ne pourra plus montrer une feuille de tabac, donc il n'y aura plus lieu de continuer mais je promouvrai toujours l'enchantement qu'a pu être le tabac de la Semois pour toute la région. C'est toute une tradition, même architecturale avec les séchoirs qui a conditionné toute la vallée." 

 Depuis qqs années, des jeunes replantent du tabac dans la vallée, bien plus par amour du patrimoine que pour le business. Pourront-ils continuer cette activité? La question reste en suspens. Les fidèles clients du tabac de la Semois restent également dans l'expectative. 


Christelle Collin



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