Publié le jeudi 05 septembre 2024 à 17:46 - Mis à jour le vendredi 06 septembre 2024 à 09:44 Arlon - Hotton - Nassogne - Province - Rendeux - Saint-Léger
Pour la première fois, Bastogne va célébrer ce week-end la date de sa première libération : le 10 septembre 1944. Une date très souvent occultée dans les localités qui ont connu l’Offensive des Ardennes tant cette dernière a marqué les mémoires. Occultée sauf là où des drames ont eu lieu, comme à Arlon, Marcourt ou Saint-Léger.
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Du six au dix septembre, en septembre 1944, cinq jours ont suffi pour entièrement libérer le territoire de la province de Luxembourg. Talonnés par les Alliés depuis la prise de Paris, les débris de l’armée allemande refluent, harcelés ici et là par des groupes de résistants. Des actes loin d’être sans danger car les représailles sur les civils sont quasi systématiques.
"On sait que les représailles, ce sont une épée de Damoclès sur tout acte de résistance, les Allemands ont communiqué là-dessus. Depuis le mois de juillet, on est sous administration SS en Belgique, c'est quelque chose qui est connu et qui est su. Il y a d'ailleurs à Marche des affiches qui sont placardées en disant que si des soldats allemands sont blessés ou tués, il y aura des représailles.", Jean-Michel Bodelet, historien
C’est le cas à Hotton, où les Allemands se retranchent derrière l’Ourthe, après avoir fait sauter le pont, et combattent les Américains durant deux jours. L’église et plusieurs maisons sont incendiées, une grenade explose au milieu d’un groupe de trois jeunes gens, les tuant tous.
À Arlon, c’est le 25 août qui marque les mémoires.
"La nuit du 24 au 25 août 1944, vers 22h30, il y a deux attentats, ici, en plein centre d'Arlon contre des maisons de collaborateurs notoires. Contre un échevin commerçant qui tient épicerie ici, au Marché aux Légumes, et un commerçant en alcool qui habite rue de Virton, aujourd'hui Rue des Martyrs. Ce sont des petites bombes mais qui vont quand-même endommager les façades. Et suite à cela, c'est la panique parmi les collaborateurs.", Jean-Marie Triffaux, historien
Immédiatement, une réunion d’urgence de tous les services se réunissent à la kommandantur et font arrêter une cinquantaine de personnes. Deux sont immédiatement assassinés en pleine rue, le procureur du Roi et le président de la Croix Rouge provinciale.
Cinq sur vingt-sept reviendront des camps, dont un décède quelques jours après son retour…
Impossible de citer tous les faits de septembre 44, mais à Saint-Léger, le village est incendié en représailles à la mort de cinq soldats allemands. Cette vengeance fait trois morts et 124 maisons sont entièrement détruites.
À Bande (Nassogne), des résistants tuent trois officiers, un civil est abattu et 35 maisons sont incendiées. Des faits complétés par le massacre du 24 décembre.
À Marcourt (Rendeux), le 8 septembre, des résistants attaquent deux blindés situés le long du vicinal à proximité du pont. L’un est détruit, l’autre endommagé.
Tous ces actes et leurs conséquences ne sont pas équivalents. Il faut les recontextualiser au coup par coup. Après-guerre certaines familles endeuillées reprocheront des actes inconsidérés aux résistants.
Plusieurs cérémonies ou animations se tiendront ce week-end et le suivant pour commémorer le souvenir de septembre 1944. Pour Bastogne, ce sera même une première... en 80 ans !
Photo de la vignette de l'article : Hotton au lendemain de la Libération de septembre 1944 © Fonds de Documentation du Moulin de Bardonwez