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Loque européenne détectée sur Houffalize : des dizaines de ruchers menacés de destruction

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 Publié le mardi 19 septembre 2023 à 17:23 - Mis à jour le mardi 19 septembre 2023 à 18:01    Houffalize

Des dizaines de colonies d'abeilles sont sous la menace d'une destruction totale, dans la région de Bertogne - Houffalize, où l’AFSCA a détecté la présence de la loque européenne. Mais plusieurs voix s’élèvent contre cette mesure jugée trop radicale. La Belgique est le dernier pays européen à procéder de la sorte. 


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A arrivant sur son rucher ce mardi matin, Johan Kindermans sait déjà ce qui l’attend : des ruches vides. Plus une seule abeille.  Hier, cet apiculteur de trente ans d’expérience a choisi de détruire lui-même l’ensemble de ses colonies. "J'y étais obligé. Certes, ça ne me dérange pas si les colonies sont fortement infectées, mais je ne comprends pas pourquoi on doit procéder ainsi pour des colonies parfaitement saines."

Comme beaucoup de ses confrères, l'apiculteur de Wibrin avait reçu la visite des services d’inspection de l’Afsca suite à la découverte, voici trois mois dans la région, d’un foyer de loque européenne, une maladie bactérienne contagieuse qui s’attaque aux larves des abeilles. "L'inspecteur fait une première analyse. En cas de retour positif, il effectue un second contrôle plus avancé et en cas de contamination de plus de 50% du rucher, on procède à une destruction totale", cadre Kathy Brison, porte-parole de l'Afsca.

A ce jour, onze foyers ont été localisés, deux sur Liège, huit en province de Luxembourg, dont un sur le site même de la station de fécondation de l’abeille noire, créée voici cinq ans par la section locale, la commune de Houffalize et l’asbl Méllifica.  Depuis trois mois, le site est bloqué par l’Afsca et lui-aussi sous le coup d’une éradication. "On ne peut plus rien y faire comme travaux, ni rien apporter ou déplacer : ni hausses, ni outils, rien... On y a perdu plusieurs jeunes colonies. Je n'en veux pas à l'inspecteur de l'Afsca qui ne fait que son travail, mais c'est malheureux, car on met à mal l'abeille noire, l'abeille de nos régions, capable de s'adapter et de survivre depuis des centaines de milliers d'années", regrette Jacques Delacolette, président de la section apicole de Houffalize.

Aujourd’hui l’association, soutenue par plusieurs vétérinaires, dénonce cette mesure jugée "trop radicale, voire passéiste". D’une part parce que des compléments alimentaires protéinés ont démontré leur efficacité, tant en préventif qu'en curatif en cas de faible infestation. Aussi, parce que certaines souches de colonies ont développé des résistances à la loque européenne. "Détruire l'ensemble du cheptel parce qu'on y a détecté quelques cas, c'est complètement dépassé. Ça va même à l'encontre de la biologie. Si dans mon rucher, j'ai des colonies saines à côté de colonies malades, il faut au contraire les conserver et avec elles, leur génétique", prévient Martin Dermine, vétérinaire et spécialiste apicole reconnu.

A leurs yeux, la lutte par l’éradication telle que maintenue en Belgique est d’autant plus inadéquate que la loque européenne est une maladie endémique,  historiquement présente partout sur le territoire. "On se demande même pourquoi la Belgique est le dernier pays européen à maintenir la loque européen parmi les maladies à déclaration obligatoire. Partout ailleurs, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, on ne détruit plus systématiquement. Au contraire, les services sanitaires conseillent et accompagnent les apiculteurs dans le but de maintenir les colonies saines", plaide Jacques Delacolette. A la question, l'Afsca botte en touche et renvoie vers le législateur : "Nous ne faisons qu'appliquer les règles édictées par le SPF santé publique".

Réunie en nombre ce lundi soir, la section apicole de Houffalize promet d'interpeller le ministre fédéral David Clarinval. Mais dans l’urgence, les apiculteurs qui s’estimeraient lésés peuvent toujours recourrir au service de médiation de l’Afsca.


Christophe Thiry