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Ligne à haute tension : le second terne illégal depuis 2008

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 Publié le mercredi 17 novembre 2021 à 17:10 - Mis à jour le mercredi 17 novembre 2021 à 22:14    Aubange - Messancy

Après plusieurs années de mise au frigo, le dossier de la ligne à haute tension reliant Aubange à Esch-sur-Alzette revient sur le devant de la scène. Retour sur ce dossier qui oppose riverains et Elia depuis vingt ans.


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La pomme de la discorde, la voici : une ligne à haute tension de 220 kV entre le poste d'Aubange et celui d'Esch-sur-Alzette. Une ligne aérienne construite en 1971 puis complétée d'un second circuit appelé terne en 1998, non sans inquiétude dans le chef des riverains. La ligne surplombe 200 habitations à Messancy et Aubange dont celle d'André Galhaut, président de l'asbl CADES que nous rencontrions en 2008 : "L'OMS (ndlr : l'Organisation mondiale de la Santé) a tout de même cité et classé les champs électromagnétiques comme étant des cancérigènes possibles et divers organismes officiels ont fait une association sûre entre les champs électromagnétiques et certains types de cancers".

Elia persiste, malgré l'arrêt du Conseil d'Etat

Au vu des risques potentiels sur la santé des habitants, l'asbl CADES décide d'introduire un recours au Conseil d'Etat. L'association de riverains obtient gain de cause en 2008 : le permis du second terne est donc annulé. Néanmoins, l'arrêt du Conseil d'Etat n'est pas suivi d'effet. Pas de déplacement, encore moins de démantèlement. "Modifier la liaison, que ce soit la déplacer ou l'enfouir, cela va engager des coûts" expliquait à l'époque Lise Mulpas, porte-parole d'Elia. "Ces coûts, il faut qu'ils soient admis et autorisés par le régulateur et pour que le régulateur les autorise, il faudrait qu'ils nous soient imposés par l'instance qui délivre les permis" (ndlr : la Région wallonne).

Puisque l'arrêt du Conseil d'Etat n'est pas respecté, les riverains décident alors d'assigner Elia en justice. "La société Elia qui exploite le réseau ne s'est pas conformée à la décision et a maintenu le second terne de la ligne au motif qu'une demande de régularisation avait été introduite" nous confiait l'avocat de CADES, Me Bungert. "Nous avons estimé que nous devions faire cesser ce trouble car mes clients considèrent, études scientifiques à l'appui, que les effets sont néfastes et ont des conséquences dommageables pour la santé".

"Une faute d'imprudence" dans le chef d'Elia

En 2011, le tribunal de première instance d'Arlon juge finalement que la demande de l'asbl CADES n'est pas recevable, mais qu'Elia commet une faute d'imprudence en maintenant la ligne. Le conseil du gestionnaire de réseau, Me Vandenput, avait de toute façon déclaré que son déplacement n'était pas réalisable : "Pour déplacer une ligne et obtenir les révisions de plans de secteur éventuels, les autorisations nécessaires et avec les autres contraintes auxquelles la société Elia serait confrontée à savoir des ASBL de défense de l'environnement, je pense qu'il faudrait de très nombreuses années avant de pouvoir déplacer une telle ligne".

Dans ce dossier, l'on retiendra le silence assourdissant des ministres wallons de l'aménagement du territoire successifs. Aucun ne s'est prononcé sur l'exécution de l'arrêt du Conseil d'Etat, ni sur la régularisation formulée par Elia. Aujourd'hui, le gestionnaire du réseau réitère sa demande.


Nicolas Lefèvre