Publié le vendredi 25 avril 2025 à 17:23 - Mis à jour le vendredi 25 avril 2025 à 18:03 Province - Rendeux
Jean-Pierre Adam n'en revient toujours pas. En ordonnant de nouveaux devoirs d'enquête, la Cour d'Appel de Mons donne -enfin- du crédit à la "piste française" défendue depuis des années par l'ancien commissaire.
L'enquête sur les "Tueries du Brabant" prend un nouveau tournant encore jamais exploré par la justice belge...
Depuis tôt ce vendredi matin, Jean-Pierre Adam n’est fini pas de décrocher son téléphone. "Oui, c'est inespéré. Quelle bouffée d'oxygène !" Au bout du fil, ici un ancien président de cour d’assise. Avant lui un avocat. Et même une des victimes des tueurs... Tous venus saluer ce qui s’apparente à une première grande victoire pour l’ancien commissaire.
"Je viens à l'instant de m'entretenir avec une des parties civiles. Elle me dit à quel point elle est enchantée. Elle me dit "Merci, merci".
Pas besoin de me dire merci. C'est normal"
Jean-Pierre Adam, commissaire à la retraite, auteur "Tueries du Brabant - La piste négligée & Le déshonneur de la Belgique"
L'homme est sûr de ce qu'il avance. Ne craint-il pas de susciter un nouvel espoir ? "Non. Pas du tout. Je suis certain de tout ce que j'avance"
Cette piste que Jean-Pierre Adam défend depuis des lustres, c’est celle du grand banditisme du nord de la France. Elle mène aux deux frères Sliman, Xavier et Thierry, le plus violent.
Pour Jean-Pierre Adam, Thierry Sliman est impliqué dans le meurtre du taximan belge Constantin Angelou, abattu avec le même pistolet utilisé plus tard par les tueurs du brabant.
Dans ce taxi, à côté du corps de la victime, les policiers prélèvent des mégots de cigarette avec des traces adn, que Jean-Pierre Adam attribue à Thierry Sliman, aujourd’hui décédé.
"Malheureusement il a été incinéré. En revanche, sa maman repose au cimetière de Charleville. Si on ouvre le caveau familial, on peut prélever des traces ADN sur la mère et faire le lien avec le meurtre du taximan"
A ce stade, l’exhumation ne fait pas partie de ces nouveaux devoirs d’enquête ordonnés par la Cour d’Appel de Mons. Mais la justice pourrait s’en saisir d’initiative.
Pour Jean-Pierre Adam, ce retournement de situation tient dans sa rencontre il y a un peu plus d’un an avec cet avocat français, maître Patrick Ramaël, qui a pris la défense à titre gracieux de quatre parties civiles.
"Un jour il se rend à Charleroi pour prendre connaissance des devoirs réalisés dans le cadre de la piste française. Et là il m'appelle stupéfait : "Mais ils n'ont rien fait ! Tout reste à faire !"
"J'ai rencontré une des victimes d'un braquage, auteur d'un des portraits robots des tueurs. Je lui ai montré la photo de Thierry Sliman. Il en est tombé de sa chaise : "Mais c'est lui. Jamais on ne m'avait montré cette photo !"
Par son arrêt, historique, la Cour d’Appel de Mons redonne un nouvel espoir de lever le voile sur une des périodes les plus sombres de la Belgique.
La responsabilité est maintenant dans le chef du parquet fédéral, du juge d’instruction, des enquêteurs. De leur implication sur cette piste qu’ils n’ont jamais empruntée, dépendra l’issue des Tueries du Brabant.
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