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Humanitaire en Syrie, Jean-François Thiry s'inquiète pour les chrétiens du pays

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 Publié le lundi 09 décembre 2024 à 18:15 - Mis à jour le lundi 09 décembre 2024 à 20:08    Florenville

Ce 9 décembre, nous avons contacté Jean-François Thiry qui se trouve actuellement à Damas. Humanitaire pour une ONG catholique italienne, il nous explique comment il a vécu le renversement du régime de Bachar Al Assad et ses craintes pour l'avenir des communautés chrétiennes.

Originaire de Laiche, dans la commune de Florenville, Jean-François Thiry, a vécu les événements en Syrie ces derniers jours. Habituellement basé à Alep, il travaille pour l'ONG catholique italienne "Pro Terra Sancta". C'est depuis un couvent franciscain à Damas qu'il nous a expliqué la rapidité avec laquelle le régime de Bacahr Al Assad s'est effondré et comment la coalition islamiste HTS conquis le pays en quelques jours.

"Cela s'est passé très très vite. D'un côté, on avait les rebelles qui descendaient depuis Alep, Homs et qui arrivaient vers Damas. Et de l'autre on avait la rébellion dans le sud de la Syrie et qui montait sur Damas, donc nous on s'est retrouvés en tenaille et le mieux était de rester dans la ville. Heureusement, il n'y a pas eu beaucoup de combats, tout s'est terminé en une nuit. On a été se coucher alors qu'on nous disait que les rebelles étaient en train d'arriver et on a été réveillés vers 4h du matin par des coups de feu, mais des coups de feu de joie, tirés en l'air pour célébrer la victoire".

S'il se réjouit qu'il y ait finalement eu peu de combats dans les rues et donc peu de victimes civiles, l'humanitaire s'interroge à présent sur le sort que réserveront les nouveaux maîtres de la Syrie aux communautés chrétiennes du pays.

"Bien sûr qu'il y a une crainte,  parce que leur réputation les a précédés. Notre évêque latin de Alep, par exemple, a été prêtre pendant dix ans sous leurs ordres dans la province de Idlep. Donc il était sous les les terroristes djihadistes de Al-Nosra (aujourd'hui Hayat Tahrir al Cham ou HTC ndlr). Et là-bas, il ne pouvait pas se faire sonner des cloches, il ne pouvait pas se promener en habit religieux, il ne pouvait pas avoir de croix. Ils ont dû abattre toutes les croix sur les églises. Donc ça, c'était leur visage lorsqu'ils étaient à Idlep. Maintenant quand ils sont rentrés à Alep, ils ont promis de protéger les chrétiens et ils leur ont même dit 'vous aurez même plus de liberté que sous Assad', mais tout ça il faut voir comment ça va vraiment se passer".

Jean-François Thiry avait quitté Alep la veille de la prise de la ville alors qu'aucun signe ne le laissait présager. Comme beaucoup d'observateurs, il a été surpris de la rapidité avec laquelle les djihadistes ont repris le contrôle du pays. De nouvelles milices ont rapidement fait leur apparition et jouent désormais le rôle de police dans les villes. Elles ont notamment ordonné aux chrétiens de Damas, et à la congrégation où se trouve actuellement Jean-François Thiry, de suspendre les offices religieux et d'éviter les rassemblements. Jusqu'à quand ? On ne le sait pas actuellement. Malgré l'incertitude, l'humanitaire espère pouvoir poursuivre le travail entamé en Syrie avec l'ONG italienne auprès des populations locales.

"On espère continuer notre travail. Un de nos projets c'était des centres d'éducation dans ce que l'on appelle Alep Est. Alep Est c'était une une partie de la ville de Alep qui était complètement détruite pendant la longue guerre. Avec des populations musulmanes souvent peu éduquées, avec des femmes qui n'ont pas été à l'école, des enfants qui commencent à travailler. Et donc nous avions des centres qui soutiennent l'éducation des habitants en essayant de les re-scolariser et en essayant d'éduquer les femmes aussi et ça, ce sont des projets que nous faisons ensemble chrétiens et musulmans.

Je pense qu'il y aura un gros problème après cette guerre, ce sera de de reconstituer des dialogues entre les différentes communautés. Donc, il y a beaucoup de questions et je pense qu'il y aura beaucoup de travail pour les ONG, pour continuer ce dialogue entre les communautés".



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