Publié le mardi 26 novembre 2024 à 17:13 - Mis à jour le mardi 26 novembre 2024 à 21:08 Marche-en-Famenne
Les enseignants de Marche-en-Famenne ont rejoint le mouvement de grève de l'enseignement ce mardi. Et au-delà de leur statut, ils s'inquiètent surtout de l'avenir de leurs élèves, particulièrement ceux de l'enseignement qualifiant. Des filières qu'ils estiment mises en péril aujourd'hui par les mesures économiques du gouvernement MR-Engagés.
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Ils ont troqué les cours à dispenser contre les tracts à distribuer… Les enseignants marchois sont nombreux à débrayer ce matin. Au cœur de leurs revendications : l'avenir de l'enseignement qualifiant. Le gouvernement MR-Engagés entend diminuer de 3 % les normes d'encadrement de ces filières. Et à l'institut Saint-Roch, école technique et professionnelle, on a déjà fait les comptes.
“On nous annonce une perte d’environ 80 heures de cours, cela représente quatre temps-plein”, confie Corentin Devos, professeur d’histoire à l’institut Saint-Roch de Marche. “Cette perte sera répartie sur plusieurs professeurs, cela va impliquer des passages à ¾ temps ou à mi-temps. Financièrement pour certains enseignants, ce n’est pas tenable et cela pourrait les forcer à quitter la profession”.
Des classes surchargées au détriment de la qualité d'enseignement
La mesure impacte les enseignants, mais aussi les élèves. Car moins de profs impliquerait des classes plus surchargées qu'elles ne le sont déjà. Au détriment de la qualité de l'enseignement.
“J’ai l’impression que cela traduit une détérioration généralisée de l’enseignement”, estime Diego Mico Latorré, professeur de mathématiques à l’institut Saint-Roch. ”On va accentuer les inégalités, en créant un pôle d’élites et un pôle d’élèves peu préparés à des études ou à affronter les difficultés du monde”.
“ Quand j’ai choisi de devenir prof, c’était pour former des citoyens”, ajoute Corentin Devos, “ Avec les réformes proposées aujourd’hui par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on perd cet aspect citoyenneté. Ils veulent fermer plusieurs options du technique et du professionnel et favoriser l’alternance. Je ne dénigre absolument pas cette forme d’enseignement mais elle forme plutôt des travailleurs vu qu’ils n’ont que deux jours d’école”.
Les portes du supérieur se referment
Autre point de crispation des enseignants : la suppression de 7e techniques et qualifiantes. Qui de facto pourraient fermer à certains élèves les portes de l'enseignement supérieur.
“Je forme des futurs aides-soignants et aides familiales, aujourd’hui leur demander de choisir leur voie à 13 ou 14 ans, ce n’est pas possible”, considère Christelle Leroy, professeure d’éducation à la santé à l’institut Saint-Roch. “ Tous ces gamins sont motivés, quoi qu’on en dise parfois, je ne me vois pas leur dire qu’ils ne pourront pas être infirmiers ou infirmières s’ils le souhaitent plus tard”.
Défendre l'avenir de nos enfants et celui de la qualité de l'enseignement. Tel était le mot d'ordre de cette première grève des enseignants sous le gouvernement azur.