Chaque année, des milliers de batraciens traversent nos routes pour rejoindre leurs zones de reproduction, au péril de leur vie. Pour les protéger, des bénévoles se mobilisent en Wallonie et organisent des opérations de sauvetage. Exemple à Léglise, où une équipe veille à leur sécurité.

La nuit tombe sur la commune de Léglise. Sous une fine pluie, une demi-douzaine de bénévoles, équipés de lampes frontales et de seaux, scrutent attentivement la route, non loin du terrain de football de Witry. Leur mission : aider grenouilles, crapauds et tritons à traverser en toute sécurité. Car en cette période de migration, ces petits animaux risquent leur vie à chaque passage sur l’asphalte.

« Sans nous, beaucoup n’atteindraient jamais l’autre côté. Les voitures roulent vite, et il suffit d’un instant pour qu’une grenouille soit écrasée. Nous en sommes simplement au début de la migration, car la météo n'a pas été favorable jusqu'à présent. L'an passé, 1800 batraciens ont été sauvés" - Nathalie Lecoq

Le danger est bien réel : on estime que des milliers de batraciens périssent chaque année sous les roues des automobilistes en Wallonie. Pour limiter ces pertes, des barrages routiers temporaires sont mis en place dans certaines communes. À Witry, une portion de route est limitée à 30 km/h, et les bénévoles interpellent aussi les conducteurs pour les sensibiliser. 

"30 km/h est la vitesse la plus appropriée. Pourquoi ? Parce qu’à cette allure, les automobilistes ont le temps de voir les batraciens sur la route et de les éviter. Au-delà, le bas de caisse de la voiture risque de les happer, augmentant ainsi le nombre de victimes."

Cette année, la commune de Léglise a offert des seaux, des équipements de sécurité pour être visibles la nuit et des lampes aux bénévoles de Natagora. La police a veillé à la signalisation des lieux, avec la mise en place temporaire de panneaux spécifiques à la migration. Chaque soir depuis le week-end dernier, les bénévoles de Natagora se relaient. Ils sont 26 pour le moment du côté de Léglise (NDLR: contre 5 l'an passé) et entre 4 à 10 par soirée. Pour le moment, les sauvetages n'ont pas encore été bien nombreux. Cela ne saurait tarder. Ce n'est que le début de la migration et la météo n'est pas toujours favorable. L'an dernier, 1800 batraciens ont été sauvés au même endroit. 

La météo à venir cette semaine annonce du froid, ce qui devrait fortement ralentir les sorties des batraciens et des bénévoles. Ce n'est que partie remise, car dès la semaine prochaine, ces passionnés continueront à veiller sur ces petits amphibiens, nuit après nuit, jusqu’à la fin de la migration (fin février, début avril).

A consulter : Carte des sauvetages des batraciens, Natagora.

Laurent Trotta