Economie

Les repreneurs de l'abattoir de Bastogne vont investir 16 millions d'euros

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 Publié le mercredi 31 août 2022 à 17:03 - Mis à jour le jeudi 01 septembre 2022 à 17:08    Bastogne - Province

Bernard Gotta et Marcel Peters, deux grossistes de viandes porcine et bovine, sont prêts à relancer l'abattoir de Bastogne laissé à l'abandon depuis août 2019 suite à la faillite de Qualibeef, née sur les ruines du scandale sanitaire Veviba. Les repreneurs ont présenté leurs ambitions ce matin en compagnie des autorités locales et wallonnes.


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Pour la reprise de l'abattoir de Bastogne, il y a donc Bernard Gotta, dirigeant d'une société à son nom, spécialisée dans la découpe et la distribution de viande en Belgique, mais aussi administrateur-délégué de Viande de Liège. À ses côtés, Marcel Peters, originaire de Saint-Vith, à la tête de P&M et Pegri, respectivement actives dans la découpe de carcasses à destination de l'Allemagne et de la France, et dans l'abattage de bovins. Les deux repreneurs s'apprêtent à quitter leurs installations actuelles, jugées trop étroites, pour centraliser toutes leurs activités et les pérenniser sur le site de Bastogne.

"Pour moi, personnellement, ce n'était pas une décision facile", concède Marcel Peters. "J'ai tout de même réfléchi quelques années. Mais à la fin, je n'ai pas trouvé une solution pour rester à Saint-Vith. J'étais déjà venu il y a deux ans pour voir le site de Bastogne, mais tout seul, ça ne pouvait pas fonctionner. Je savais que Bernard était dans la même situation à Liège. On a donc décidé de se mettre ensemble".

100 millions d'euros, trop ambitieux ?

Bernard Gotta et Marcel Peters emporteront également leurs travailleurs, soit environ 180 personnes originaires des pays de l'Est notamment, pénurie oblige, qui "sont enthousiastes". Le duo compte injecter 16 millions d'euros pour un démarrage fin 2024, et un premier chiffre d'affaires estimé à 100 millions d'euros. Un pari ambitieux car le secteur de la viande n'est plus vraiment porteur. La société Viande de Liège, anciennement Derwa, réalisait par exemple 75 millions d'euros en 2017, pour 34 seulement en 2020, année ou Bernard Gotta a pris les commandes et ce, au moment d'une procédure de réorganisation judiciaire qui a abouti favorablement.

"Il faut savoir que lorsque l'on a repris l'entreprise, on s'est séparé de deux secteurs : Le secteur porcin et le secteur charcuterie. Le secteur bovin représentait entre 30 et 35 millions de chiffre d'affaires et aujourd'hui, on l'a maintenu. C'est sûr que ce n'est pas facile tous les jours, mais ça c'est comme tout entrepreneur. On va continuer et je pense que notre pôle ici à Bastogne va permettre de nous développer encore plus".

Réhabilitation du site et nouveaux aménagements

Concrètement, les deux repreneurs prévoient de doubler la surface des étables, de rénover et d'agrandir la chaîne d'abattage, mais aussi de construire de nouveaux quais de chargement et créer un atelier de découpe pour la viande de porc. Les bâtiments existants seront cédés pour 1,2 million d'euros. "Ces bâtiments appartiennent à la Province, à la Sogepa et à la commune de Bastogne", explique Elie Deblire, président d'Idelux Développement. "Et c'est l'intercommunale Idelux qui est chargée de gérer l'ensemble".

Pour la commune de Bastogne, et particulièrement son bourgmestre Benoît Lutgen, cette reprise est intéressante pour son projet de hall relais agricole destiné à valoriser les productions locales, mais pas seulement : "Aussi pour les agriculteurs de la région qui, aujourd'hui, doivent parcourir une distance beaucoup plus grande pour rejoindre un centre de valorisation de viande, que ce soit Rochefort, Saint-Vith ou Liège. Les coûts de l'énergie sont évidemment extrêmement importants. C'est une bonne nouvelle pour leur portefeuille. C'est une bonne nouvelle aussi pour l'environnement. C'est une bonne nouvelle aussi pour le bien-être animal, puisqu'au passage on réduit les trajets de transport pour le bétail".

Les demandes de permis suivront prochainement en vue de réhabiliter l'abattoir. De nombreux agriculteurs rencontrés sur le terrain nous ont déjà confié que si les fraudes commises par le passé ne sont pas excusables, cet outil ne méritait pas d'être laissé à l'abandon.


Nicolas Lefèvre