Le couperet est tombé ce mardi pour les employés des hypermarchés Cora. L'entreprise a annoncé son intention de fermer les magasins lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire. 1779 emplois sont menacés.

La nouvelle était redoutée, elle est désormais confirmée : l'enseigne Cora va fermer ses portes pour le début de l'année 2026. La décision a été annoncée ce mardi matin lors d'un conseil d'entreprise extraordinaire. De source syndicale, nous avons eu la confirmation que la direction a immédiatement entamé la procédure Renault pour accompagner ce licenciement collectif.

1.779 collaborateurs sont employés par l’enseigne. À Messancy, Cora emploie environ 150 personnes plus une petite soixantaine d'intérimaires.

Selon la direction de l'enseigne Cora à Messancy, l'intention du groupe est de céder le magasin et la galerie à la société Mitiska Reim. Basée en Belgique, l'entreprise est spécialisée dans la gestion de fonds d'investissement immobiliers, "ciblant les parcs commerciaux, les locaux d'activités multi-locatifs, le self-stockage et la logistique urbaine".

Au-delà du choc social, c'est un pan de l'histoire commerciale luxembourgeoise qui se ferme aujourd'hui. Inauguré en octobre 1974, sous l'enseigne Carrefour, l'hypermarché était alors le plus grand de Belgique. Des bus étaient même spécialement affrétés pour véhiculer les consommateurs jusqu'à Messancy.  

7 hypermarchés concernés par la fermeture en Belgique

Cora, ce sont sept hypermarchés en Belgique : Messancy, Anderlecht, Woluwé, Rocourt, Hornu, La Louvière et Châtelineau. Mais, dans le secteur ultra-compétitif de la grande distribution belge, le modèle "hyper" bat de l'aile depuis plusieurs années.

Cora est déficitaire et son propriétaire, le groupe Louis Delhaize, leur cherchait un repreneur depuis de nombreux mois. Après avoir vu la cession des enseignes Cora françaises (à Carrefour) et grand-ducale (à E. Leclerc) en mars 2025, l'inquiétude n'a cessé de croître parmi les employés. D'autant plus que Louis Delhaize s'est aussi défaussé des enseignes Delitraiteur, Match et Smatch (reprises par Colruyt) et de ses Proxi (cédés à Delhaize).

"Chez Cora ou à l'Arbed, tu es tranquille pour toute ta carrière"

Une ancienne de Cora nous racontait qu'à son entrée, en 1986, alors qu'elle avait 20 ans, ses amis lui avaient dit "Chez Cora ou à l'Arbed, tu es tranquille pour toute ta carrière". Mais les temps changent et le mode "hyper" n'est plus en phase avec les souhaits d'une majorité de clients. Les bus Cora qui ramassaient les clients dans de très nombreux villages pour venir passer sa journée "à Cora" ont disparu. Et la concurrence française ou grand-ducale dispose de meilleurs prix sur certains produits...

Pour Audrey Weber, déléguée syndicale CNE, le point de rupture, c'est le Covid dont Cora ne s'est jamais vraiment remis.

Galerie et magasin ne fermaient plus à la même heure, provoquant un manque d'animation et de vie dans une spirale déjà négative. Un repreneur a été trouvé pour les bâtiments. Reste à éviter pour les voisins et les commerces de la galerie un effet domino.

David Pierson