Publié le vendredi 11 avril 2025 à 17:28 - Mis à jour le vendredi 11 avril 2025 à 18:53 Bertrix - France - Province
À l'initiative de l'asbl "Cœur chaud", des rhétos de l'école technique de Bertrix se sont rendus au KL Natzweiler - Struthof, seul camp de concentration créé sur le territoire français, l'Alsace étant à l'époque annexée par l'Allemagne nazie. L'objectif de cette visite était de faire prendre conscience des crimes de masse perpétrés par le régime.
C'est l'histoire d'un ancien site de villégiature où l'on pratiquait le ski, mais devenu ensuite camp de concentration. Entre 1941 et 1944, 52.000 personnes seront déportées au Struthof : juifs, tsiganes, homosexuels ou encore résistants. Des opposants politiques que le régime nazi soumet aux travaux forcés et aux sévices des gardiens.
"Les prisonniers devaient descendre cette pente avec des brouettes en bois et des roues en fer", explique Luc Wauthier, guide du jour pour l'asbl "Cœur chaud" de Bertrix. "Il y avait des SS, avec un fil disposé tout le long, qui s'amusaient à donner un coup d'épaule, le prisonnier tombait au-delà du fil, on considérait qu'il s'évadait et les SS, qui étaient dans les miradors, le tuaient au fusil".
"Je croyais que c'était les camps d'extermination qui tuaient, pas de concentration"
Sur les 52.000 personnes déportées ici, plus de 20.000 périront.
Dans le bunker, les prisonniers sont humiliés, torturés et calfeutrés dans des réduits où il est impossible de se lever, s'asseoir ou se coucher. Ceux qui ne peuvent résister sont ensuite incinérés dans le four crématoire.
Le comble de l'horreur est atteint lorsque des expériences médicales sont réalisées sur une table d'autopsie. Entre autres, 86 juifs transférés d'Auschwitz en seront victimes.
Le médecin à l'origine de ce crime de guerre, August Hirt, souhaitait d'ailleurs créer une collection de squelettes pour attester de l'infériorité de la race juive.
"C'est quand même assez impressionnant le nombre de gens qu'il y a eu en peu de temps", confie Mathis, élève à l'école technique de Bertrix. "Je croyais que c'était les camps d'extermination qui tuaient, pas de concentration", ajoute Corentin.
Albert Guérisse, un nom connu à Saint-Hubert
Des Belges originaires de la province de Luxembourg ont-ils été déportés au Struthof ? Voilà l'une des réponses que l'association "Cœur chaud" attend de l'archiviste du camp. Un nom est néanmoins déjà bien connu, celui d'Albert Guérisse, médecin militaire, dont les parents sont originaires de Saint-Hubert.
"Quand le Struthof a été évacué vers Dachau, il a été libéré le 25 avril 1945", explique Luc Wauthier. "Après il a réintégré l'armée comme médecin, s'est engagé pour la guerre de Corée. La reine d'Angleterre l'a anobli en 1980, le roi Baudouin en 1986 et il est décédé en 1989. Il y a un monument à son honneur un peu plus bas que la basilique".
Tant de crimes et d'inhumanité ont eu lieu ici à 800 mètres d'altitude. Un ancien déporté disait d'ailleurs que "ceux qui admireront la beauté naturelle de ce sommet ne pourront croire que cette montagne est maudite parce qu'elle a abrité l'enfer des hommes libres".
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