La plupart des moulins de Wallonie ont ouvert leurs portes ce dimanche à l’occasion de la journée européenne. A Odeigne, les installations ont été reprises voici un peu plus de cinq ans, par une jeune équipe qui lance un projet de coopérative pour chapeauter le moulin et une future boulangerie. 

Depuis 2016, Fanny Dumont et  Axel Colin perpétuent une tradition entamée, ici, il y a plus de 500 ans.  Le moulin de Odeigne est un moulin hydraulique, où les blés,  froment, épeautre et sarrasins,  sont lentement broyés sur pierres, puis tamisés à souhait dans la bluterie. "La farine passe dans des filtres de plus en plus gros. Au début la farine est toute fine, puis petit à petit on arrive à récupérer le son, le rebulet", expose la jeune meunière à la dizaine de visiteurs, pour qui  la farine artisanale a indiscutablement plus de goût et  de bienfaits, que la farine industrielle.

Cela tient tient d'abord de la qualité de la culture en amont, mais aussi du fonctionnement même des moulins traditionnels. "Le grain est lentement broyé entre deux pierres et ressort sous forme de farine intégrale, où tout est mélangé : l'amande, mais aussi l'enveloppe et le germe, qui sont les deux éléments qui contiennent les vitamines et minéraux. C'est ce qui distingue les anciens moulins à pierre des nouveaux moulins à cylindre, où l'enveloppe est comme écaillée et où le germe est prélevé. Il ne reste alors que l'amande, l'amidon..." explique Caroline Baltus, boulangère artisanale.

Fidèle à la promesse donnée à Odon Dethise, l’ancien meunier, Fanny Dumont n’a pas touché à un seul élément du moulin. Hormis une nouvelle chape au sol et le remplacement d’une partie de la mécanique, financés via une levée de dons. Mais l’équipe a en tête un autre projet, plus imposant : transformer l’ancienne ferme du moulin en une boulangerie, avec salles de réunions et formations à l’étage. Une coopérative montée avec trois boulangères artisanales. "C'est un super projet, se réjouit Charlotte Renard, une des trois autres boulangères. Car le métier est beau, mais difficile. Nous allons pouvoir partager les efforts et notre passion".
Le dossier en est au stade de l’étude, mais pour assurer le financement, la future coopérative sollicitera les prêts privés de citoyens. "Au lieu de déposer l'argent à la banque, les citoyens pourront nous réserver un prêt avec intérêts. Cela nous permettra d'avoir un financement sensé, réfléchi, avec des personnes qui nous soutiennent. Au besoin, nous pourrions aussi solliciter une avance auprès d'une banque qui soutient ce type de projets", explique Fanny Dumont.

Parallèlement le moulin de Odeigne, et sa Ferme Artistique, continuera à s’ouvrir aux activités artistiques. Ce dimanche, les visiteurs ont ainsi apprécié les histoires contées par les marionnettistes de la Cie du Mime d'Argile.
Fanny Dumont s’y consacrera même pleinement durant juillet et août. Une pause saisonnière de deux mois, forcée par le débit trop faible de l’Aisne et du Fays de la Folie, en diminution ces dernières années...

Christophe Thiry