Ce 1er octobre 2021 fera date dans l’histoire de la collecte des déchets en province de Luxembourg. Après plus de trente années, passées à trier les emballages aux parcs à conteneurs, les habitants de la province de Luxembourg et de onze communes liégeoises vont passer au sac bleu PMC. 

Désormais devront être jetés dans le nouveau sac bleu, les canettes, boîtes de conserves, raviers en alu, et autres tétrabricks, ainsi que tous les emballages en plastiques : bouteilles, films d’emballage, raviers à fruits ou légumes, emballages de charcuteries, tubes de dentifrice, déodorants, etc. Ces sacs seront récoltés une fois tous les quinze jours, en plus des collectes des duobacs et sacs+sacs (fraction résiduelle et déchets biodégradables), qui elles sont maintenues à la même fréquence.

Alors, pourquoi ce passage “obligé” au sac bleu ? Que deviendront tous ces emballages ? Lesquels restent dans la fraction résiduelle, voire au recyparcs? Quels seront les impacts financiers pour les citoyens ? Pour les communes ? Qu’en est-il de la consigne sur emballages, souhaitée par une commune sur deux ? 

Autant de questions débattues avec nos invités : - Isabelle Michel, Présidente d'Idelux Environnement- Stéphane Fokan, Chef de service collecte Idélux Environnement- Dominique Gillard, Echevin en charge de la propreté publique à La Roche-en-Ardenne- Benoît Lutgen, Bourgmestre de Bastogne, une des trois communes pilotes avec Arlon et Lierneux qui ont expérimenté le tri PMC depuis mars 2017. - Régine Florent, Initiatrice de la pétition "pour une consigne sur les canettes"

Fost Plus refuse le débat

Grand absent de ce débat : Fost Plus, l’asbl financée par l’industrie de l’emballage pour prendre en charge toute la filière collecte et tri des emballages domestiques en Belgique. Fost Plus avait d’abord accepté le rendez-vous, “étant donné que le changement pour les citoyens de la région est plus impactant qu’ailleurs en Belgique, ce débat représentait une belle opportunité pour revenir d’un côté sur les changements dans les règles de tri et de l’autre côté sur les modifications dans le système de collecte.”  Mais voilà, l’opérateur majeur de la collecte des emballages n’aime pas le débat, et surtout pas quand il s’agit d’évoquer “même partiellement” la question de la consigne : “Nous ne voulons pas mener ce débat en public et souhaiterions débattre de ce sujet dans un contexte serein” précise Valérie Bruyninckx, porte-parole de Fost Plus, préjugeant ainsi de la tenue des débats sur TV Lux... 

... et s'oppose à la consigne

N’en déplaise pourtant à Fost Plus et à l’industrie de l’emballage, la question de la mise en place de consignes sur certains contenants est bien d’actualité et liée à la collecte des PMC. Seize pays européens y sont ou sont en train d’y passer. Et chez nous, seront bientôt publiés les résultats d’un projet pilote de ramassage de canettes abandonnées dans la nature moyennant une petite rétribution. Mené sur une vingtaine de communes, ce projet a pourtant été chapeauté par l’asbl Be Wapp, elle-même financée par Fost Plus… qui ne veut pas entendre parler de la consigne : “nous sommes convaincus que la consigne n’est pas la solution. En Belgique, il existe un système efficace pour la collecte sélective, le tri et le recyclage des emballages ménagers. Les chiffres le prouvent : en 2020, nous avons pu recycler quasiment 95% des déchets d’emballages ménagers. La consigne représente un système de collecte alternatif qui ne s’adresse qu’à certains emballages, comme les canettes et les bouteilles pour boissons. Au contraire, le système de collecte via le Nouveau Sac Bleu offre une solution de recyclage, non seulement pour les canettes et les bouteilles de boisson, mais également pour beaucoup d’autres emballages, dont les sachets, les pots et les barquettes. Faire co-exister deux systèmes de collecte en parallèle (c’est-à-dire la consigne et le Nouveau Sac Bleu), génèrerait un surcoût pour la société considérable (...)”

Une commune sur deux favorable à la consigne

Ce que Fost Plus n’est pas prêt à entendre, ce sont les voies dissonantes… Celles portées par l’Alliance pour la Consigne, par près d’une commune belge sur deux, et par Régine Florent… Invitée à notre débat, cette Dinantaise a été entendue par le parlement wallon en mai dernier. Elle y a rappelé les multiples avantages à ses yeux, de la consigne. Dans une carte blanche publiée dans Le Vif cette semaine, elle ne cache pas son scepticisme envers le projet pilote mené par Be Wapp/Fost Plus : “parce que ces expériences pilotes sont totalement différentes de la réalité d'un système de consigne. Tout d'abord, le montant récupéré est dérisoire : 5 cents alors que le montant de la consigne varie généralement entre 10 et 25 cents. Ensuite, le système de récupération de la "prime" est extrêmement compliqué, voire décourageant, pour les utilisateurs. (...) En Allemagne, il n'y a presque pas de canettes par terre et une étude commanditée par le gouvernement néerlandais conclut que la consigne réduit la présence de bouteilles et canettes dans la nature de 70 à 90 pourcent”. 

Dans quelle mesure la consigne, et donc la fin de la mise en sacs PMC des canettes alu et des bouteilles en plastique, influencerait-t-elle le modèle économique mis en place par les industriels de l’emballage en Belgique ?  Une question qu’on aurait aimé poser à Fost Plus...

Christophe Thiry