A Vielsalm, des habitants jugent disproportionné le projet de lotissement de 55 places à bâtir sur un terrain situé en bordure du village de Burtonville. Le promoteur estime au contraire qu'un lotissement assurera l'uniformité architecturale.

En rouge sur des bannières aux quatre coins du terrain, le message est sans équivoque :  “Pas de cité ici…” 
Ici, c’est une pâture de 5,5ha cédée à un promoteur immobilier en vue d’y aménager 55 parcelles à bâtir.  "Disproportionné”, estiment les riverains. "Tout le monde est sur la même longueur d'onde : notre inquiétude est la dénaturation des lieux, regrette Olivier Bailly. Burtonville est un vieux village, dont une partie remonte aux années 1700".

Le village de Burtonville compte quelques dizaines d’habitations, résidences et gîtes, et est inscrit dans un périmètre d’Intérêt Culturel, Historique ou Esthétique par la Wallonie. 
Selon le promoteur Scheen-Lecoq de Malmedy,  le lotissement permettra justement d’imposer des conditions esthétiques, qui ne seraient pas rencontrées lors d’un morcellement avec ventes au coup par coup : "Notre rôle est de délimiter les parcelles, fixer les emplacements de voirie, sentiers pédestres, espaces de jeux. Les futurs acquéreurs pourront ensuite se tourner vers les entreprises de leur choix, mais... ils devront respecter une cahier des charges, au niveau des parements, des toitures, etc. Pas question de faire n'importe quoi", assure Mathieu Scheen, gérant de l'agence Scheen-Lecoq.

"Pas de ville à côté du village"

5ha ½  de prairies urbanisée, c’est évidement une perte pour le monde agricole. Mais c’est aussi une aubaine pour tout qui veut s’installer dans la région. Encore faut-il, opposent les riverains, que cela réponde à une nécessité. "A Burtonville, il y a eu vingt constructions... en quarante années, relève François Rion, habitant de Burtonville et conseiller communal. Et il reste de la place ! Les jeunes sont les bienvenus. Sans compter qu'il y a encore beaucoup d'autres possibilités sur Vielsalm".

L'eau et les voiries, enjeux de l'étude d'incidences

Dévoilé publiquement voici une quinzaine de jours lors de la réunion d'information préalable, le dossier est désormais entré dans sa phase d’étude d’incidences. Plusieurs éléments vont être analysés par un bureau indépendant. Comme les difficultés d’approvisionnement en eau, réel problème à Burtonville. Et ce même si la SWDE travaille sur une adduction vers les deux usines, auquel le promoteur espère pouvoir se raccrocher.
L'étude analysera aussi l'impact sur le charroi et les voiries, car 55 habitations "c’est inévitablement une centaine de voitures supplémentaires", assurent les riverains. "Burtonville est loin de tout, explique Olivier Bailly. Il n'y a pas d'école, pas de crèche, pas de magasin. Il faut la voiture pour tout". "Cela va à l'encontre totale des objectifs de densification autour des lieux de vie et de services, voulus par la Région wallonne", note François Rion.
Le promoteur Mathieu Scheen se veut rassurant : "Ce sera à l'étude d'incidences, indépendante, de déterminer dans quelle mesure il y aura un impact sur le charroi et les voiries. Au pire, elle démontre que ça ne peut pas se faire. Au mieux, que le lotissement peut se faire sans aucun problème. Entre les deux, elle pourrait suggérer des aménagements de sécurité"

A noter que le bureau Scheen-Lecoq a également entamé des discussions avec son voisin IBV, pour créer un réseau de chaleur, "On récupérerait la chaleur produite par l'entreprise, pour alimenter les habitations. A ma connaissance, ce serait une première en Wallonie", se réjouit Mathieu Scheen.

Mais il en faudra plus pour réchauffer l’ambiance avec les riverains…

Christophe Thiry