Publié le mercredi 27 novembre 2024 à 17:34 - Mis à jour le mercredi 27 novembre 2024 à 17:36 Wellin
L'ADN a parlé, le bélier de concours "Rouge de l'Ouest", baptisé "Chuck Norris" par son propriétaire et retrouvé mort le dimanche 3 novembre dernier à Chanly, a bien été égorgé par un loup de la lignée germano-polonaise.
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Cette attaque perpétrée probablement peu avant l'aube à une vingtaine de mètres d'une habitation et une trentaine de mètres de mètres de la route nationale N846 interloque Guillaume Tavier, l'éleveur qui s'est spécialisé dans la race "Rouge de l'Ouest" et qui avait remporté plusieurs prix dont un de vice-champion antenais à la Foire de Libramont cet été. Une perte importante puisqu'un antenais est un mouton encore inapte à la reproduction mais qui était jugé prometteur.
C'est donc, pour l'éleveur, qui gère en activité complémentaire une dizaine de têtes, un long travail de sélection génétique qui s'achève brutalement sous les crocs d'un loup.
Quatre attaques avérées en quatre mois
Voici la croix Denis, entre Halma et Chanly deux localités de Wellin où des attaques de loups ont été récemment constatées et confirmées. Fin août, un veau de l’élevage de Patrick Fallay a été dévoré. Et c’était la deuxième attaque de loup prouvée sur cette exploitation. Fin octobre, en deux jours, deux veaux ont été tués dans une ferme distante d’une centaine de mètres. Et le 3 novembre, un bélier de concours dans un élevage situé à 500 mètres…
Des clôtures sont proposées aux éleveurs par Natagriwal, une asbl-conseil de la Région Wallonne qui vise à favoriser une gestion intégrée de la nature et des activités humaines. Si ces clôtures sont prises en charge dans les Zones de Présence Permanente confirmées, ce qui n’est pas encore le cas à Wellin, leur érection et entretien restent à charge du propriétaire. Un supplément de travail sans rémunération pour les éleveurs… Quant aux communes, elles sont assez dépourvues de moyens d’action.
Si les bêtes vont bientôt rentrer dans les étables pour l’hiver, le répit ne devrait être que de courte durée puisque dès mars des jeunes veaux seront présents dans toutes les pâtures ou presque.
"En France, des éleveurs ont été confrontés à un loup qui, l'hiver, rentrait dans les étables pour se servir. Ils ont obtenus l'autorisation de l'abattre", Patrick Fallay, agriculteur-éleveur à Halma
Un cas extrême car ce loup n’était plus considéré comme un animal sauvage. Mais on sent que les nombreuses attaques de ces derniers mois alimentent un ras-le-bol chez les éleveurs qui peinent déjà à contenir des loups esseulés et craignent surtout l’apparition d’une meute dans une zone d’élevage. Avec des attaques plus nombreuses et mieux coordonnées.
Un point de jonction entre les deux lignées présentes an Wallonie ?
Une autre attaque de loup avérée a eut lieu une dizaine de jours auparavant à Gedinne, distante d'une vingtaine de kilomètres. Mais cette fois, par un loup de la lignée italo-alpine.
Selon Alain Licoppe, spécialiste attaché au DEMNA (le Département de l'Étude du milieu naturel et agricole), on compte 15 à 20 loups installés en Wallonie, tous dans la région des Hautes-Fagnes. Les attaques de loup ailleurs sont produites par des loups dits « dispersants » qui se cherchent un nouveau territoire. Mais à ce jour, on n’a aucune preuve d’installation ailleurs en Région Wallonne. Pour établir une certitude, les chercheurs veulent obtenir des images d’un même animal sur une durée de six mois dans un territoire déterminé. Même si ce chiffre est variable, on estime qu’une meute gère une superficie de 20 à 25.000 hectares soit 200 à 250 kilomètres carrés.
En cas d’installation avérée, le territoire passe alors sous statut de Zone de Présence Permanente, obligeant les éleveurs à prendre des dispositions dissuasives particulières.