Publié le mardi 24 juin 2025 à 16:18 - Mis à jour le mardi 24 juin 2025 à 16:23 Neufchâteau
Le 24 juin, une mobilisation européenne s’organise pour dénoncer l’accord UE-Mercosur. À Grandvoir, l’action locale a commencé de façon symbolique, avec des vaches Jersey en première ligne, pour alerter sur les risques de cet accord pour l’agriculture locale, l’environnement et la santé
Ce lundi soir à Grandvoir, c’est une mobilisation pour le moins originale qui a pris place : les vaches de la race Jersey, baptisées Picoline, Myrtille et Poupette..., ont ouvert la marche d’une action locale contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Un geste symbolique, chargé de sens, visant à attirer l’attention sur les dangers que représente ce traité pour l’agriculture locale.
Alors que les animaux rejoignaient paisiblement la salle de traite, ils ignoraient que ce moment marquait le coup d’envoi d’une mobilisation engagée. En effet, les collectifs locaux (CNCD Neufchâteau ;Entraide & Fraternité, Ciep-Lux, Coopérative du Grand Enclos) entendent alerter les citoyens mais surtout interpeller les responsables politiques. Leur but est clair : bloquer cet accord jugé destructeur, et susciter un véritable débat public.
Léa Gaudron, du Comité National pour la Défense du Conseil (CNDC) de Neufchâteau, insiste sur l’enjeu : « On veut mettre la pression sur ce traité, sur l’Europe. On interpelle les élus, on attend d’eux qu’ils s’opposent clairement à l’accord. On veut ouvrir la discussion avec les politiques, les forcer à se positionner. Ce traité, on le juge destructeur pour notre agriculture, pour notre environnement, pour nos territoires. »
Sur le plan économique, comme le souligne Nicolas Annet, agriculteur à Petivoir, la principale crainte est la concurrence accrue. L’importation massive de produits agricoles bien moins chers menace la viabilité des exploitations locales, déjà fragilisées. Mais ce n’est pas tout : les inquiétudes dépassent l’aspect financier. Les questions sanitaires, environnementales et climatiques s’imposent au cœur du débat. Importer de grandes quantités de viande, sucre ou volaille issus de pays où les normes de production sont moins strictes, et où la traçabilité est souvent absente, pourrait bouleverser durablement les pratiques agricoles européennes. Ce scénario inquiète profondément les opposants.
Dans la province, les agriculteurs se sont déjà mobilisés ces derniers mois, avec diverses manifestations. Mais ces actions sont restées sans réponse politique, et le sentiment d’abandon grandit. « Nous sommes inquiets pour l’avenir de notre métier et de nos territoires », confie un autre agriculteur local, témoignant de la montée des tensions.
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